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une discussion qui dura six jours et à la suite de laquelle elle adopta, elle aussi, trois résolutions. Par les deux premières elle proclamait « qu’une seconde Chambre, forte et efficace, ne faisait pas seulement partie intégrale de la Constitution britannique mais qu’elle était nécessaire aux intérêts de l’Etat et à la balance du Parlement, et que le meilleur moyen d’arriver à obtenir cette Chambre était la réforme et la reconstitution de la Chambre des Lords. » C’était là deux résolutions de principe qui passèrent sans division, nous disons sans scrutin. Il n’en fut pas de même de la troisième qui comportait que « le préliminaire nécessaire de cette réforme et reconstitution était la reconnaissance de ce principe que la possession d’une pairie ne donnerait plus par elle-même le droit de siéger et voter dans la Chambre des Lords. »

Ce principe tout nouveau, qui tendait à changer si profondément le recrutement et la composition de la Chambre des Lords fut combattu vivement par un vieux lord, vrai type du backwood peer, qui déclara que l’hérédité lui ayant toujours donné de bons résultats pour ses chiens, il ne voyait pas pourquoi il n’en serait pas de même pour les pairs. Il aurait pu trouver, à l’appui du principe héréditaire, des argumens plus nobles et de plus haute portée. Mais, après un très beau discours de lord Rosebery qui avait conduit tout le débat, cette troisième résolution n’en fut pas moins votée à la majorité considérable de 175 voix contre 17, et la Chambre des Lords, toujours sur la proposition de Rosebery, prenait jour pour l’entendre développer dans ses détails le plan de réforme qui devait être la conséquence de la troisième résolution adoptée. « Il est, avait-il dit un jour, dans les traditions de l’Angleterre, de verser le vin le plus nouveau dans les plus vieux vaisseaux. » C’était dans la séance du 24 mai qu’il devait expliquer comment il entendait cette opération difficile. Mais, avant cette date, survenait un événement qui allait changer, pour quelque temps du moins, la face des choses : la mort du Roi.


III

Il était notoire que le roi Edouard n’avait pas vu sans appréhension le conflit s’élever entre les deux Chambres de son Parlement. Au début de ce conflit, il avait appelé à