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Ces faits apparaîtront dans leur relief, on les placera dans leur vraie lumière, si l’on compare cette vie populaire de nos vieux rois, à l’existence que mènera aux Tuileries Napoléon devenu empereur, ce Napoléon qui gravira cependant les marches du trône aux acclamations des Français. « L’Empereur et l’Impératrice, écrit M. Frédéric Masson, se laissent encore aborder par les gens de la Cour, mais les gens de la ville sont derrière les balustrades... Quant au peuple, contenu par une double haie de grenadiers, il voit de loin passer ses souverains comme à l’Etoile, ou bien d’en bas il les aperçoit au balcon de la Salle des Maréchaux... L’armée, la Garde même n’a le droit d’acclamer son Empereur qu’en défilant sous les fenêtres de son palais[1]... » Certes, Napoléon aime son peuple et tient à lui témoigner cette affection ; il lui prodigue « des jeux comme à Saint-Cloud et aux Champs-Elysées, des feux d’artifice, des victuailles, du vin, des illuminations ; mais ce qui seul le satisfait, on le lui refuse... C’eût été de voir son Empereur, le suivre, l’acclamer, participer à son triomphe et à sa joie... » « Ce sont les caractères, dit M. Frédéric Masson, du nouveau régime[2]. »

La Révolution a passé, un autre monde a vu le jour.


VII. — LA MAISON DE FRANCE

Les événemens qui concernent le Roi, la Reine et leurs enfans sont pour le pays des événemens de famille : la maison royale est la « maison de France. »

Le 17 août 1615, Elisabeth, fille de Henri IV, quitte Paris pour aller épouser le roi d’Espagne. Le prévôt des marchands et les échevins, avec quatre cents chevaux et les archers municipaux, lui font escorte. La bonne ville donne un pas de conduite à l’enfant royale, selon la coutume quand une fille de France s’éloigne de la capitale pour aller prendre mari.

D’autre part, quel événement est l’entrée d’une nouvelle reine dans la ville ! Pour y assister, malgré la lenteur et la difficulté des moyens de communication, et l’insécurité des chemins, on accourt des provinces éloignées. L’entrée de Marie-Thérèse,

  1. Frédéric Masson, Marie-Louise, p. 124-2o.
  2. Frédéric Masson, Napoléon chez lui, p. 264.