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en 1660, est contée en une charmante poésie, — s’il est vrai qu’un poète y trouverait à redire :


C’est ainsi que nous arrivâmes,


dit un provincial,


Et qu’à Paris nous nous trouvâmes
Toutes sortes de nations
Et de toutes conditions.


Mais la date fixée pour la cérémonie est retardée :


C’était de semaine en semaine
Que devait entrer notre Reine.


Retards qu’une curiosité impatiente n’est pas seule à déplorer :


Jour et nuit dedans nos auberges
Les pigeonneaux et les asperges,
Les melons et les artichauds
Marchent pour les provinciaux ;
Et quand on fait si bonne chère,
Un peu d’argent ne dure guère...
Qui d’abord avait cent écus,
Aujourd’hui n’en a presque plus ;
Cependant l’hôte impitoyable
Veut toujours voir argent sur table,
Les auberges n’avancent rien,
Il faut toujours payer, ou bien
Il faut songer à la sortie...


Durant le voyage que fait Marie Leszczynska, fiancée à Louis XV, pour venir d’Alsace à Paris, les populations accourent pour la saluer. Des paroisses entières arrivent bannières en tête ; les bonnes gens chantent des cantiques en s’agenouillant devant la jeune Reine dans la poussière du chemin. Les maisons sont parées de tentures et de draps blancs, les routes semées de fleurs et de feuillage. Le même esprit se retrouve dans le dis- cours que les dames de la Halle viennent faire à leur nouvelle souveraine, le 14 novembre 1725, à Fontainebleau. C’est la femme Gellé, — fameuse harangère, dit le baron de Breteuil, — qui prend la parole :

« Madame, j’apportons nos plus belles truffes à Votre