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LE MUSÉE DU LOUVRE
AU TEMPS DE NAPOLÉON
D’APRÈS DES DOCUMENS INÉDITS


I. — LES ORIGINES AVANT LE CONSULAT

Aux XVIe et XVIIe siècles, les précieuses collections d’objets d’art formées par les rois de France n’avaient eu d’autre destination que de décorer les résidences princières où elles se trouvaient disséminées ; les courtisans étaient seuls admis à les contempler, avec quelques visiteurs privilégiés. C’est vers le milieu du XVIIIe siècle que l’idée s’accrédita de les faire servir à l’agrément et à l’éducation esthétique des simples particuliers. Marigny, le frère de Mme de Pompadour, qui sous le titre de directeur général des bâtimens du Roi exerçait une véritable surintendance des beaux-arts, Marigny n’éprouvait aucun scrupule à orner son château et son parc de Ménars de statues appartenant au domaine de la couronne ; mais en même temps, il aménageait au Luxembourg un petit musée de 110 toiles, dont l’accès, à partir du 14 septembre 1750, était ouvert au public deux fois par semaine, en même temps que celui de la galerie contenant la suite consacrée par Rubens à Marie de Médicis. Le comte d’Angevillers, directeur des bâtimens sous Louis XVI, conçut le projet d’agrandir cet embryon de musée et de le transporter dans la grande galerie reliant le Louvre aux Tuileries, galerie alors encombrée par les plans des forteresses et principales villes du royaume : il aurait voulu y « réunir tout ce que la