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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




Le voyage de M. Poincaré en Russie a une signification sur la portée de laquelle le monde diplomatique ne s’est point trompé. On avait fait courir le bruit que l’alliance franco-russe s’était depuis quelque temps relâchée, et M. Ribot, dans une séance du Sénat qui date de quelques mois à peine, avait manifesté le regret qu’elle n’eût pas été suffisamment pratiquée, c’est-à-dire qu’on ne l’eût pas tenue constamment on haleine, et qu’on n’en eût pas tiré tout le parti possible. Il était d’autant plus opportun d’en resserrer les liens que la situation générale de l’Europe n’est pas sans présenter ce qu’on a appelé autrefois quelques points noirs à l’horizon : il est dès lors naturel que les puissances alliées se tiennent en contact plus étroit et se communiquent plus fréquemment et plus intimement leurs vues sur tous les incidens ou accidens politiques qui se présentent cette nécessité a été sentie à Saint-Pétersbourg comme chez nous : de là l’intérêt qu’a présenté le voyage de M. le président du Conseil. Sans doute il est d’usage qu’un nouveau ministre des Affaires étrangères, qui a déjà duré quelques mois et parait devoir durer pendant beaucoup d’autres, aille faire une visite au gouvernement allié ; cela suffirait pour expliquer le voyage de M. Poincaré ; mais à cette raison d’autres se sont ajoutées qui sont, dans les circonstances actuelles, assez évidentes pour qu’il ne soit pas besoin d’y insister.

Il serait difficile de continuer de dire aujourd’hui, comme on le faisait hier, qu’il y a quelque relâchement dans l’alliance franco-russe.

A la veille de ce voyage, le bruit s’est répandu que la Russie et la France venaient de conclure une convention navale. La nouvelle a été commentée aussitôt dans le monde entier, mais surtout en Allemagne, avec une attention, ou même une préoccupation poussée à un haut degré d’intensité. Certains journaux allemands se sont demandé