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Mais il est, d’autre part, intéressant de constater les analogies existant entre ces peintures et les fresques du Turkestan chinois étudiées par MM. Pelliot et Chûta Ito, remontant à l’époque des Six Dynasties et des Soei (265 à 620 après J.-C). Ces dernières montrent l’influence indo-grecque déjà modifiée par les idées chinoises. On y retrouve les mêmes figures célestes volant dans le ciel, le même motif de l’ascète se précipitant du haut d’un rocher, figurés sur les panneaux du reliquaire tamamushi. Des sujets analogues sont d’ailleurs encore traités dans les fresques un peu postérieures des caves de Touen-houang (vers 700).

Dans les peintures de la châsse d’Hôryûji, la façon de rendre les rochers est très conventionnelle ; en revanche, les arbres sont représentés avec un souci beaucoup plus grand de la réalité. En figurant les deux prêtres qui adorent les reliques du Bouddha, l’artiste a peut-être même voulu faire œuvre de portraitiste, et, dès les débuts de l’histoire de la peinture japonaise, nous trouvons ainsi esquissés les élémens fondamentaux des trois genres, religieux, semi-religieux et paysagiste, appelés par la suite aux plus brillantes destinées.

La seconde période que les auteurs japonais distinguent parfois dans l’histoire de leur art, — celle dite de Tenchi Ier (647-710) n’est en somme que la continuation de la période précédente. On doit néanmoins signaler durant celle-ci un fait capital : l’ouverture directe des relations avec la Chine dont l’unité avait été reconstituée par les Soei (590-620). Dès la seconde moitié du VIIe siècle, les Tang qui leur succédèrent (620-907) étendirent leur domination sur les marches du Nord et de l’Ouest. D’une part, refoulant les hordes Toukiou, ils remirent la main sur le Pelou et, de l’autre, ils conquirent la Corée (vers 655-661). Cet accroissement de puissance politique se manifesta d’une double façon dans l’art japonais de la fin du VIIe siècle : la Chine transmit au Japon les traditions indo-grecques d’une manière beaucoup plus fidèle que ne l’avait fait la Corée durant l’époque précédente. En outre, ce dernier pays joua désormais un rôle important dans la formation de la peinture et de la sculpture japonaise. D’autres influences ne tardèrent, d’ailleurs, pas à se manifester. Les nombreuses ambassades chinoises reçues à la cour impériale apportèrent de splendides présens qui servirent par la suite à la constitution de l’inestimable trésor du Shô-so-in