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côte, et sans lien entre eux ; la jonction de ces tronçons n’est encore achevée que dans le centre, où la cohésion du peuple chilien des origines s’exprime notamment par l’unité vite réalisée d’un réseau plus complet, aujourd’hui propriété de l’Etat.

Corriger cette nature incomplète, étendre d’un bout à l’autre du territoire l’armature protectrice d’un outillage national, tel est le devoir qu’une étude, même sommaire, des conditions géographiques impose présentement aux dirigeans du Chili. Leur pays est adossé à des montagnes qui comptent parmi les plus hautes du globe ; les cimes sont couvertes de glaciers, qui ont fourni déjà la matière de travaux scientifiques intéressans ; cette Suisse des Andes australes, que borde une côte de Norvège, rassemble de curieux échantillons de dislocations volcaniques, d’oscillations de névés, de captures de fleuves. Elle tient aussi des forces emmagasinées dans ses immenses réserves de houille blanche. Dans l’ensemble, les eaux fluviales du Chili s’écoulent mal ; pendant l’hiver de 1899, des inondations diluviennes envahirent les provinces du Sud ; on dut circuler en barque dans les rues de Valdivia et de Concepcion ; en d’autres saisons, au contraire, c’est la sécheresse qui est redoutable. Plusieurs députés voulaient marquer l’année du Centenaire par la création d’une Oficina nacional de riego, service de drainage et d’irrigation tout ensemble, qui aurait assisté les propriétaires et attaqué une série de travaux aux frais de l’Etat ; nous croyons que cette initiative attend encore la consécration d’une loi. Eclairé par la science moderne, le Chili n’ignore plus qu’il possède, en différences de niveaux sur des pentes arrosées, les sources d’une richesse inépuisable.

De même qu’à discipliner ses énergies hydrauliques, il pense à varier sa production minière. Les versans des Andes recèlent des gîtes et des carrières de toute sorte, dont on n’a fait encore qu’effleurer les plus accessibles ; la Cordillère, qui est un des systèmes montagneux les plus jeunes du globe, appartient à cette « ceinture de feu » de l’Océan Pacifique, que remanient encore, sous nos yeux, des éruptions et des tremblemens de terre ; elle abonde en roches minéralisées que ses cours d’eau, très actifs, ont souvent décomposées et débitées en placers. Avant 1860, les mineurs du Chili exploitaient seulement les alluvions aurifères ; puis est venu l’âge du cuivre, extrait dans les provinces de Copiapó et de Santiago ; il était à l’origine