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exporté brut en Angleterre, et traité dans les fonderies de Merthyrtydfîl, près Bristol ; une usine moderne fut ensuite élevée aux environs de Santiago. Après le cuivre, par lequel se sont élevées de belles fortunes, le nitrate (caliche) a enrichi les provinces du Nord ; propriétaire de réserves très étendues, où des salares réputés stériles ont été reconnus n’être que le mince couvercle de salitreras puissantes, l’Etat chilien se préoccupe de ménager le marché mondial des nitrates, dont son territoire est le principal fournisseur ; de là l’intérêt qu’il prend aux travaux de propagande et de stabilisation des cours que poursuivent les exploitans du caliche.

Mais la consommation de cet amendement, si précieux qu’il soit pour l’agriculture, se développe lentement ; l’attention des ingénieurs chiliens est aujourd’hui plus volontiers fixée sur les mines, très riches elles aussi, de fer et de manganèse ; ces minerais, de valeur relativement médiocre, ne peuvent pas supporter des transports onéreux ; il est donc nécessaire, si l’on veut assurer l’exploitation pratique des gisemens, d’améliorer la circulation intérieure et d’outiller, en Chili même, une industrie sidérurgique. Le pays pourra se passer du combustible importé de l’étranger, s’il sait employer ses combustibles nationaux, c’est-à-dire, outre la houille noire de quelques gisemens, la houille blanche, le bois et, probablement, le pétrole. Afin d’encourager la métallurgie du fer, le gouvernement chilien passa, en 1905, une convention avec une Société française affiliée au Creusot ; il lui concéda des forêts, jusqu’à concurrence de 80 000 hectares, et, de plus, diverses garanties financières ; alors furent créés, d’après les types les plus neufs, les hauts fourneaux de Corral, près de Valdivia ; ils sont chauffés au bois, et l’ingénieur en chef a découvert un procédé qui permet d’obtenir la fonte par la combustion directe des bûches ; l’usine de Corral, ainsi que ses fondateurs s’y étaient engagés, a réussi, pour le Centenaire, à fabriquer de l’acier avec du minerai et du combustible chiliens. Des difficultés ont surgi à propos des concessions forestières, le gouvernement voulant ne les accorder que peu à peu, l’entreprise soutenant que la prise de possession immédiate de tout son domaine est nécessaire à l’organisation de son travail : un haut fourneau, en pleine action, ne saurait être exposé à manquer de combustible ; aussi l’exploitation de nombreux chantiers de bois est-elle ici la condition préalable