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ici les traits caractéristiques ; une meilleure exploitation du sol et du sous-sol apparaît solidaire d’un renforcement méthodique des organes de relation ; les préoccupations des hommes d’Etat chiliens, aujourd’hui, sont autrement vastes qu’à l’époque, toute voisine de nous encore, où le Chili n’était pas sorti de son domaine central. En agrandissant son territoire, la République de Santiago s’est trouvée, pareille à toutes ses voisines du Sud-Amérique, poser sur des espaces longtemps « vagues, » de délicates questions de mitoyenneté. Une série chronologique des cartes de l’Amérique latine, depuis le milieu du XIXe siècle, fait ressortir la disparition progressive des « zones tampons, » et la détermination des frontières. Au baron de Rio Branco, ministre des Affaires étrangères du Brésil, revient l’honneur principal d’avoir, au partage de ces domaines longtemps indécis, appliqué avec succès la procédure de l’arbitrage. Le Chili, nation militaire, a eu recours aux armes ; vainqueur dans la guerre du Pacifique, il a annexé les provinces littorales de la Bolivie, désormais coupée de la mer, et des territoires jadis classés péruviens, ceux de Tacna et Arica. Postérieurement, ceux-ci ont été colonisés, en raison de leur valeur minière ; à vrai dire, ils n’étaient pas grand’chose auparavant. Or, le Pérou conteste l’interprétation chilienne du traité qui a mis fin à la guerre du Pacifique ; le Chili a décidé que les grandes manœuvres de 1911 (octobre-novembre) auraient lieu précisément en territoire contesté : plusieurs régimens d’infanterie et de cavalerie avec des mitrailleuses ont été ainsi transportés près des frontières extrêmes du Nord. Le conflit armé n’est pas certain, on peut même espérer que, finalement, la paix sera respectée.

Avec la République Argentine, le Chili a résolu à l’amiable le litige issu de l’imprécision des frontières, au temps de la domination espagnole : un premier traité, signé en 18SI, avait laissé les solutions-incertaines ; les deux gouvernemens envoyèrent sur le terrain des commissaires dont les études ont été une révélation sur toute une partie des Andes ; ils observèrent que la ligne de faîte ne se confond pas avec la ligne de partage des eaux, alors que les textes diplomatiques, rédigés avant toute étude détaillée du sol, ne les avaient pas distinguées ; comment trancher le différend ? D’abord, on arma des deux côtés ; puis la raison prévalut ; il n’y avait pas là de provinces anciennement peuplées, dont la mutilation serait une