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REVUE MUSICALE


THEATRE DE L’OPERA : Déjanire, tragédie lyrique en quatre actes, paroles de Louis Gallet et M. Camille Saint-Saëns, musique de M. Camille Saint-Saëns. — La Roussalka, ballet en deux actes ; scénario de MM. Hugues Le Roux et Georges de Dubor, musique de M. Lucien Lambert. — Musiques sur l’eau (poésies d’Albert Samain) de M. Théodore Dubois. — THEATRE DE L’OPERA-COMIQUE : Bérénice, tragédie en musique, en trois actes, de M. Albéric Magnard.


Il nous a plu de revoir à loisir, loin du théâtre ou du concert, et comme en tête à tête avec la seule musique, ceux des ouvrages de l’illustre auteur de Déjanire qu’on peut appeler antiques : nous voulons dire ceux-là dont M. Saint-Saëns emprunta le sujet ou l’idée à l’antiquité. Ce fut vraiment une belle revue. En tête ont paru trois des Poèmes symphoniques : Phaéton et les deux « Héraclides, » le Rouet d’Omphale et la Jeunesse d’Hercule, dont le principal thème sert en quelque façon d’épigraphe mélodique à l’opéra nouveau. Vint ensuite, pour une moitié du moins, la Lyre et la Harpe, admirable diptyque sonore. Enfin, passant de l’ordre des idées, ou des images, à celui des figures vivantes, nous avons évoqué trois héroïnes, fort inégales d’ailleurs : Antigone, Hélène et Phryné. Laissons de côté les « poèmes » pour orchestre seul et ne rappelons, à propos d’un drame, ou d’une tragédie en musique, que la cantate et les trois partitions de théâtre.

On sait le sujet de la Lyre et la Harpe, une des premières odes de Victor Hugo : c’est l’opposition et comme le débat entre les deux âges et les deux âmes de l’histoire, l’antithèse entre les deux versans de l’humanité que sépare la croix, entre le paganisme et le christianisme, célébrés l’un et l’autre, en strophes alternées, par la lyre profane et la harpe sainte. Historique, philosophique, morale, poétique, cette