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parce qu’on les avait indûment arrêtés alors qu’ils étaient couverts, non seulement par notre pavillon, ce qui n’aurait peut-être pas été en toute occasion une garantie suffisante, mais par notre promesse sollicitée par l’ambassadeur d’Italie, acceptée, transmise par lui à son gouvernement que nous nous assurerions, dès leur arrivée à Tunis, de la véritable qualité de nos passagers. Nous n’en dirons pas davantage. Tout est bien qui finit bien, et tout s’est bien fini : le gouvernement italien nous a rendu les prisonniers. La formule élaborée par M. le marquis di San Giuliano et M. Barrère reconnaît qu’il y a lieu de rétablir le statu quo ante, c’est-à-dire de remettre les choses en l’état où elles étaient avant l’arrestation des vingt-neuf Ottomans. Le reste va de soi. Le gouvernement italien a tenu à ce qu’il fût dit que, si quelques-uns des Ottomans n’appartenaient pas au Croissant-Rouge, nous ne les laisserions pas pénétrer par notre territoire dans la Tripolitaine, et aussi que les questions de droit envisagées par lui et par nous à des points de vue différens seraient soumises à la Cour de la Haye. Soit : il fallait seulement trouver des termes qui ne préjugeassent la solution ni dans un sens ni dans l’autre, et c’est ce qu’on a fait. Le nuage signalé par M. Poincaré est dissipé.

C’est bien ce que nous attendions des sentimens amicaux de l’Italie et de son gouvernement envers la France. Le passé est liquidé, mais il faut songer à l’avenir. Il a été convenu que les deux gouvernemens prendraient des mesures pour éviter le renouvellement des mêmes incidens. Rien de plus désirable, en effet, rien de plus nécessaire, et s’il en avait fallu une preuve nouvelle, on l’aurait eue dans l’arrestation du Taniguano, petit vapeur français qui faisait le service de côtes de la Tunisie jusqu’à la frontière Tripolitaine. Nous ne nous expliquerons pas dès maintenant sur un fait dont les conditions sont encore mal connues : un seul point est certain, le navire ne portait pas de la contrebande de guerre, les Italiens s’étaient trompés une fois de plus. Ces erreurs répétées, provenant d’une trop grande facilité à accueillir des dénonciations imaginaires, dénotent une inquiétude d’esprit et une nervosité singulières, sur lesquelles nos amis italiens nous permettront bien d’appeler leur attention. Ils sentent certainement comme nous l’inconvénient qu’il y aurait à laisser se former de nouveaux nuages dans un ciel heureusement, mais un peu laborieusement rasséréné.


La place nous manque pour parler, comme nous l’aurions voulu des élections allemandes. Le nouveau Reichstag ne ressemblera