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LA FRESQUE DE POMPÉI[1]
CONTE ÉTRANGE

DERNIÈRE PARTIE[2]


XI. — AGRÉABLE RÉVEIL

... Ce matin-là, je m’étais levé morose. L’hôtel Renaissance qu’on m’avait construit dans l’Avenue du Bois n’était habité que depuis six semaines, et déjà maints irritans tracas venaient m’y assaillir : l’architecte, l’électricien, les tapissiers me réclamaient de l’argent. La veille, à mon retour du cercle Volney, j’avais trouvé sur le plateau nickelé de mon vestibule une sommation d’huissier, et l’insolence du papier bleu-ciel faisait encore trembler mes lèvres, se crisper mes poings. « Assignation au sieur Blondel (Armand) d’avoir à comparaître par devant MM. les juges pour s’entendre condamner en un paiement de quinze mille francs, etc., etc., pour ce que c’est justice... » « Pour ce que c’est justice ? » Mauvais drôle ! Et moi qui demandais une expertise ! Même l’affreux homme noir n’avait pas pris le soin de cacheter son poulet...

Assis à ma fenêtre, entre les deux cariatides, style Jean Goujon, qui décorent ma demeure, je regardais tristement le soleil d’août dorer les gazons de l’avenue... Quinze mille francs à solder, sous peine de procès ! Et les commandes américaines

  1. Copyright by Gilbert Augustin-Thierry, 1912.
  2. Voyez la Revue du 1er mars.