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à la mode du temps, analogue à cette cravate à trois tours dont s’adornait le col de l’homme de loi, leur œuvre est dominée par la préoccupation de faire une chose pratique et durable.

Ils n’avaient d’ailleurs qu’à la modeler sur eux-mêmes, car, comme l’a dit un de leurs meilleurs annalistes, M. Henry Carton de Wiart. romancier et homme d’État, « le caractère dominant de toutes ces physionomies, c’est une simplicité grave, sûre d’elle-même et s’imposant aux autres. »

Les garanties de la liberté individuelle s’appliquent aussi, peut-on dire, à la liberté locale et régionale. L’intervention du pouvoir central est fort limitée, en droit, dans la sphère du pouvoir provincial et communal et, en fait, elle est plus limitée encore. Un ministre est un moins grand personnage qu’un bourgmestre.

La vie sociale déborde d’ailleurs de beaucoup la vie politique. À côté des institutions publiques, des fonctions électives ou administratives, la Belgique est par excellence le pays des sociétés. L’habitude de s’associer, que la nécessité historique d’un effort commun pour aboutir à un résultat matériel, à une conquête économique ou sociale, a donnée au peuple de Flandre et de Wallonie, s’épanouit dans les mille groupemens qui participent à la vie familiale, civique et politique du peuple belge. Quelques sociétés d’agrément ont une existence plusieurs fois centenaire ; telles ces confréries d’arbalétriers, ces gildes de tireurs à l’arc dont le roi éphémère porte un collier d’argent ou de cuivre curieusement ouvragé. Il est des associations de tous genres et dont les objets sont les plus disparates ; sport, art dramatique, plaisir, boisson, excursion, — et aussi étude sociale, progrès oratoire et musical, lecture, édification mutuelle, — mais surtout bénéfice matériel, mise en commun de ressources modiques pour atteindre un rendement supérieur de production ou d’épargne.

La législation sociale, commandée par l’industrialisme croissant du pays, est tout entière, jusqu’à présent, établie sur cette spontanéité dans l’association. Les mutualités, les caisses de retraite, d’assurance contre l’accident et le risque professionnel, encouragées, subventionnées par les pouvoirs publics, forment, on le sait, le cadre de nos lois sociales.

Seulement, et j’y reviens, il ne faut jamais séparer cet esprit