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de son histoire intérieure, et c’est pourquoi tous les regards se portent aujourd’hui sur le président qu’elle s’est donné. Qui est-il ? D’où vient-il ? Quelle idée peut-on se faire de son avenir d’après les opinions qu’il a émises et les actes qu’il a accomplis dans son passé ? C’est ce que nous avons essayé de discerner dans cette étude.


I

M. Thomas Woodrow Wilson est né en 1856 dans l’État de Virginie ; mais si l’on considère ses origines, il est, peut-être, le président le moins américain qu’ait eu jusqu’ici l’Amérique. Sa mère, née en Angleterre, était de race anglo-écossaise ; la famille de son père était d’extraction écossaise-irlandaise. Son père toutefois était né aux États-Unis .

Cette proche parenté avec la mère patrie a certainement une part dans l’admiration professée par M. Wilson pour la Constitution anglaise et surtout pour la Chambre des Communes. Il la professe dans tous ses ouvrages et particulièrement dans le premier : Congressional Government, où les défauts d’un système de gouvernement par le Congrès et ceux qui s’attachent surtout à la Chambre des représentans, sont attaqués avec une force sans précédens. C’est au point qu’en terminant le livre, on est amené à se demander : « Peut-il venir quelque chose de bon de Nazareth ? »

Quelques passages suffisent pour montrer l’enthousiasme que la Constitution anglaise causait alors à M. Wilson et le sentiment opposé que lui inspirait la Constitution américaine. Cet enthousiasme, soit dit en passant, n’a pas manqué de provoquer l’animosité de quelques patriotes ultra-américains.


La Constitution anglaise, dit M. Wilson, était inférieure à la nôtre, lorsque celle-ci fut créée et si maintenant elle lui est supérieure, c’est parce que son développement n’a pas été contrarié par les liens trop étroits d’une loi fondamentale écrite... Nos cousins d’Angleterre ont inventé à leur usage un gouvernement remarquable, dans sa perfection, en faisant peu à peu de leur monarchie un principe non monarchique ; ils en ont fait une république fortifiée par une aristocratie vénérée et dont le pivot est un trône des plus stables... Le gouvernement anglais devient plus parfait à mesure qu’il devient non monarchique, et le nôtre ne court aucun danger à devenir non démocratique... Notre Congrès est toujours retardé, arrêté par les mêmes difficultés qui rendirent la Chambre des Communes anglaise