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Là encore, l’esprit nouveau semble avoir récemment inspiré d’heureuses décisions.

Pour résumer et préciser ce qui précède, l’officier de marine doit être un homme de connaissances générales, un homme cultivé, également instruit et exercé dans toutes les branches du métier maritime militaire ; il doit être apte à donner des ordres, indistinctement, dans toutes les parties du bâtiment, à tous les hommes qui y sont employés : en un mot, quand il est de quart, il doit être capable d’exercer la délégation complète de pouvoirs qu’il devrait recevoir du commandant.

Par ailleurs, il se spécialise pendant la première partie de sa carrière dans une des branches particulières de son métier ; il reçoit une instruction supplémentaire détaillée, plus complète dans une école de spécialités et devient ainsi, incontestablement, capable de diriger le service qui lui est confié.

Pour alléger une tâche aussi difficile, pour établir un lien hiérarchique dans chaque spécialité entre le commandement et l’exécution, pour donner enfin une satisfaction légitime aux hommes de métier qui consacrent leur existence au service de l’Etat, des officiers venant du rang et restant attachés à leur spécialité, sont largement employés, tant dans les arsenaux que sur les bâtimens de la flotte.

Cette conception du rôle et de la destination de l’officier de marine conduirait à une organisation générale nouvelle de nos états-majors ; cette organisation devrait être très étudiée, elle serait exposée à bien des critiques difficiles à désarmer, elle se heurterait entre autres à deux obstacles sérieux : l’existence d’un corps d’officiers mécaniciens et celle d’une école d’élèves officiers de marine.

L’existence d’un corps d’officiers mécaniciens met en question l’unité, l’harmonie recherchées dans le commandement ; l’existence, pour la formation d’officiers de marine, d’une école autre que l’Ecole Navale met en question la réelle efficacité des méthodes adoptées par celle-ci dans l’instruction et l’éducation de ses élèves.

L’Ecole Navale ne peut être utilement organisée, l’espèce et l’étendue de son enseignement ne peuvent être judicieusement discernées et précisées, si la marine ne sait prendre, sur ces deux questions d’importance primordiale, des décisions nettes et définitives.