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des gens cultivés ; les machines sont construites, étudiées, réglées, avant d’être livrées au service actif, et lorsque des réparations essentielles se présentent, nous trouvons dans les arsenaux et dans les ports les spécialistes nécessaires pour les diriger. À bord, il suffit en somme d’entretenir, de visiter, de manœuvrer les appareils, d’y faire les réparations courantes, c’est affaire de pratique, de soins et d’attention. Plus les machines progressent, plus elles se simplifient, plus l’entretien, la visite, la manœuvre et les réparations deviennent des choses faciles et familières.

Nos officiers mécaniciens sont presque des ingénieurs ; c’est vraiment une exagération d’en embarquer cinq sur un bâtiment. Le quart dans les machines ne vaut pas la présence permanente d’hommes de cette instruction et de cette valeur.

Les machines des cuirassés ne sont ni plus compliquées, ni plus difficiles à conduire et à manœuvrer que celles du paquebot France ; et cependant, la Compagnie générale Transatlantique ne recrute jamais ses mécaniciens parmi les officiers de la marine militaire, parce qu’elle sait ne pouvoir leur offrir les conditions qu’ils seraient en droit de réclamer.

Sur les bâtimens de guerre, il nous suffit d’une direction éclairée et d’une exécution adroite et dévouée ; si les officiers de marine, spécialement instruits et formés, peuvent nous donner cette direction, nous n’aurons pour les aider qu’à chercher des praticiens expérimentés et leur assurer dans leur carrière, après des efforts persévérans, de larges satisfactions relatives.

Ces praticiens, nous les trouverons sans peine dans le personnel méconnu de la maistrance. Pour les recruter et les organiser dans l’avenir, nous devrons éviter l’écueil apparu dans la marine des États-Unis, et c’est là un point des plus délicats sur lequel il convient de se bien expliquer. Il est inutile et il serait dangereux de demander aux candidats mécaniciens une instruction trop élevée. En le faisant, nous écarterions des sujets intéressans auxquels nous pourrions ouvrir un avenir avantageux et nous attirerions, en les trompant, d’autres sujets dont nous ne pourrions satisfaire les ambitions. La santé morale d’un corps dépend de la bonne humeur des gens qui le composent. Nous devons proportionner l’espèce de notre recrutement aux situations que nous pouvons offrir.

Un certain nombre des jeunes gens, que les écoles d’Arts et