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qui au surplus se trouvent le plus souvent en relations étroites avec les Grecs depuis longtemps francisés à Marseille.

Enfin la marine d’un peuple surtout assure son commerce : « Depuis qu’on ne voit plus de bateaux français, nous dit-on, on ne consomme plus d’articles français. » Les Messageries touchent à Lourenço, qui ne produit pas ; elles négligent Inhambane, Quilimane et Ibo, qui produisent ; des bateaux à faible tirant, susceptibles de remonter les fleuves ou d’entrer dans les petits ports, pourraient, développant l’importation des riz ou des bœufs de Madagascar, y importer les denrées qu’on transborderait sur Marseille, Londres et Hambourg. Mieux renseigné par les consuls, le ministère des Affaires étrangères eût pu et dû intervenir dans la récente élaboration des cahiers des charges lors du renouvellement des conventions de l’Etat avec les compagnies maritimes.

Les Allemands, qui pratiquent déjà si largement la colonisation officielle sur leurs territoires, subventionnent aussi leur commerce à l’étranger. Dans ce pays qui s’étend en face de Madagascar, il importe que nous fassions autant qu’eux, et nous pouvons opérer à bien moins de frais, car nos nationaux se montrent plus ingénieux. Cela s’impose d’autant plus que Madagascar même se voit menacé par le développement de leur activité au Mozambique : ainsi les compagnies de navigation, y ayant prospéré, viennent depuis peu enlever à nos bateaux le trafic même de nos ports de la côte Ouest. Le ministère des Affaires étrangères pourrait s’entendre avec le gouvernement de Madagascar pour subventionner sur quelques points des agens de commerce qu’il choisirait lui-même, au lieu de confier ses agences consulaires à des étrangers, et placerait sous le contrôle d’un inspecteur. Leur principal rôle serait de circuler à l’intérieur, missions d’étude, mais aussi d’action immédiate à l’instar de celle des Allemands. Tout en rabattant vers les grandes maisons déjà établies la clientèle de moyens producteurs, ils assureraient le petit commerce si important des stores avec la représentation des maisons de Madagascar pour les grains, le bétail, et le recrutement de la main-d’œuvre sollicitée par les Mascareignes. Ils introduiraient les pois de Tuléar et les bonnes marques de riz, tandis qu’on y porte seulement les débris que Durban refuse ; ils relèveraient le prix du bœuf malgache, discrédité par les vétérinaires anglais au profit de la viande congelée