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de Nairobi ; ils monopoliseraient les produits de la pêche des baleines, que le Natal escamote, ou le guano des îles[1].

Les Portugais ne peuvent être que satisfaits du développement de notre activité. Ils savent que nous avons déjà trop à accomplir dans la Grande Ile pour songer à autre chose au Mozambique qu’à l’affranchir d’une domination étrangère, voisinage pour nous dangereux. Nous pouvons les aider à reconquérir Lourenço, Beïra et Ibo, nous leur serons indispensables à restaurer Mozambique. Les banques anglaises, systématiquement, refusent toute aide aux entreprises exclusivement portugaises, — comme françaises. La banque lusitanienne d’outre-mer est déjà obérée. Les maisons de négoce importantes se servent à elles-mêmes de banque, mais seulement aux heures de prospérité, et sans se soucier de soutenir les petits. Les usuriers demandent jusqu’à 200 pour 100. Dans telle province, celle de Mozambique, 90 pour 100 environ des biens se trouvent hypothéqués. Une banque française, — ainsi une succursale de la banque d’Afrique Orientale projetée au ministère des Colonies et où s’exploiteraient les capitaux qui dorment à la Réunion avec ceux de France qui n’osent se risquer sans contrôle de l’État, — serait éminemment utile à soutenir les efforts individuels, notamment les fermiers que libérera la dissolution fatale de certaines compagnies à charte. Seule elle peut favoriser l’agriculture, comme ont fait dans nos vieilles colonies les sociétés de crédit versant aujourd’hui à leurs actionnaires de 12 à 15 pour 100 de dividende.

Notre ministère des Colonies pourrait même demander à celui des Affaires étrangères de négocier la reprise de l’immigration mozambique à la Réunion qui offre ses capitaux. Nous avons étudié la question sur place, et la solution en est aisée, car il ne s’agit pas de 150 000 hommes comme pour le Transvaal où ils vont mourir ou se démoraliser, mais de quelques centaines d’engagés qui iraient apprendre l’agriculture dans notre vieille colonie et reviendraient enrichir le Mozambique de leur expérience. De quoi se plaignent tous les Européens en Zambézie,

  1. On consultera avec fruit les ouvrages de M. Almada Negreiros (Challamel, éditeur), sur les Colonies portugaises, leur administration et leur législation, notamment le Mozambique. Ils manifestent un patriotisme enthousiaste ; cela ne les empêche pas de contenir des renseignemens abondans et suffisamment précis dans plusieurs domaines.