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système d’une mobilisation faite par dédoublement d’unités ; elle n’a pu constituer les groupes cyclistes destinés aux divisions de cavalerie qu’en réduisant le nombre des compagnies de plusieurs bataillons de chasseurs ; enfin, elle a renoncé, par force, à réunir en une compagnie autonome nos sections de mitrailleuses, qui prélèvent leurs effectifs sur des compagnies déjà trop faibles. Plus récemment, la loi des cadres de la cavalerie n’a pu faire autre chose que réduire à rien les cinquièmes escadrons pour en distribuer l’effectif entre les quatre autres, et, par un système exactement inverse de celui des Allemands, qu’endivisionner toute l’arme à cheval, c’est-à-dire créer de grands groupemens au moment même où des unités élémentaires disparaissaient.

Telles sont les difficultés auxquelles on se heurte, quand on raisonne sur le cadre sans pouvoir parler des effectifs. Au moins l’expérience que nous en avons faite n’a-t-elle pas été perdue : elle inspire visiblement l’intéressant contre-projet soumis par MM. Joseph Reinach et Adrien de Montebello aux délibérations de la Commission de l’armée.

L’idée-mère de cette proposition consiste à rétablir dans leur rapport de subordination rationnelle la question des effectifs et la question du recrutement ; à partir de la première, que l’on résout au préalable en dotant chaque unité existante du taux d’hommes qui lui est nécessaire ; la somme des besoins partiels donne le total de soldats qui doivent être demandés à la population ; la loi de recrutement s’en déduit. Si, par exemple, on estime que l’état numérique de nos 2 112 compagnies d’infanterie exige un relèvement de 40 hommes par unité, afin que chacune d’elles ait 200 fusils, dans les régimens voisins de la frontière, 150 dans les régimens de l’intérieur ; si nos 786 batteries reçoivent chacune 30 soldats, nos 350 escadrons chacun 20, afin de s’élever respectivement à 120, à 150 hommes, et de pouvoir manœuvrer chaque jour à rangs serrés, on trouvera que, pour les trois armes principales, il manque à nos effectifs 115 000 hommes. On retombe ainsi sur la nécessité d’avoir sous les drapeaux une troisième classe, c’est-à-dire sur l’objet même du projet ministériel ; mais on y vient par voie logique et en rendant explicite ce que le texte officiel avait sous-entendu, à savoir la nécessité pressante de relever l’état numérique intérieur des petites unités.