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Sans remuer la lèvre et sans troubler personne
L’on poursuit ses débats ;
Il règne un calme immense où le rêve résonne,
Au royaume d’en-bas.

Le temps n’existe point, il n’est plus de distance
Sous le sol noir et brun ;
Un long couloir, uni, parcourt toute la France,
Le monde ne fait qu’un ;

C’est là, dans cette paix immuable et divine
Où tout est éternel,
Que nous partagerons, âmes toujours voisines,
Le froment et le sel.

Vous me direz : « Voyez, le printemps clair, immense,
C’est ici qu’il naissait ;
La vie est dans la mort, tout est, rien ne commence. »
Je répondrai : « Je sais. »

Et puis, nous nous tairons ; par habitude ancienne
Vous direz : « A demain. »
Vous me tendrez votre âme et j’y mettrai la mienne,
Puis, tenant votre main.

Je verrai, déchirant les limbes et leurs portes,
S’élançant de mes os.
Un rosier diriger sa marche sûre et forte
Vers le soleil si beau...


COMTESSE DE NOAILLES.