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REVUE MUSICALE


Théâtre de la Gaîté-Lyrique : Carmosine, comédie musicale en quatre actes, d’après Boccace et Alfred de Musset ; paroles de MM. Henri Cain et Louis Payen, musique de M. Henry Février. — Théâtre de l’Opéra-Comique : Le Carillonneur, d’après le roman de Georges Rodenbach ; paroles de M. Jean Richepin, musique de M. Xavier Leroux. — Ouverture du Théâtre des Champs-Elysées.


S’il existe déjà, comme nous le croyons, une Carmosine lyrique, non représentée, et dont le musicien fut l’aimable Ferdinand Poise, la récente Carmosine porte au nombre de quatre les comédies musicales inspirées par le théâtre de Musset, les deux autres étant : On ne badine pas avec l’amour, de M. Gabriel Pierné, et le Fortunio (d’après le Chandelier), mis en vers par MM. de Fiers et de Caillavet et en musique par M. André Messager.

Les librettistes de Carmosine nous ont dit avec insistance qu’ils avaient « adapté » non pas Musset, mais Boccace. Ils ont eu beau dire : c’est Musset qui s’impose à nous dans un sujet qu’il a fait nôtre ; c’est à Musset que, pour le fond et la forme, il eût fallu se montrer plus fidèle. C’est lui que nous attendions ici, lui que nous voulions, et qu’il nous déplaît de ne pas mieux reconnaître. Aussi bien, quelle nécessité de le méconnaître ainsi ? Fausse, arbitraire nécessité, concession déplorable à l’absurde préjugé qui veut qu’en tout opéra (sérieux ou léger), une part soit faite aux dehors, aux alentours, au spectacle, enfin à tout ce dont la tragédie ou la comédie musicale, pas plus que l’autre, n’a besoin. L’action, les caractères, voilà ce qu’il faut et ce qui suffit à la musique, de même qu’à la poésie, de théâtre. Voilà son domaine, ou son ordre, et son éminente dignité consiste à n’en pas avoir, à n’en