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dérangea pas. Il avait assez à faire, paraît-il, de chercher le commandant en chef, qui ne s’en inquiétait pas plus que de nous.

La nuit venue, le commandant du 4e corps, demeuré en effet sans communications avec cet état-major, se replia sur la position qui lui avait été assignée dans l’ordre général de marche, — Doncourt, qui est avec Jarny la clef du passage de l’Orne. En s’en départissant sans ordres, il eût commis la faute la plus grave que puisse commettre le chef d’un corps dans une armée en retraite. Il eût compromis cette retraite considérée comme le salut de l’armée, alors qu’elle ne pouvait plus s’effectuer que par la route dont il avait la garde. Et il eût commencé par compromettre sa propre troupe, s’il l’avait fait sans reprendre ce qu’il avait laissé en arrière pour accourir au feu, son convoi, les sacs de son infanterie, les charges de sa cavalerie. C’eût été trop d’étourderie chez un homme de l’expérience du général de Ladmirault ; il ne pouvait perdre de vue ni ce détail, ni l’idée générale qui avait inspiré l’ordre de mouvement.

Ici se placerait la discussion classique sur la possibilité pour le 4e corps, réduit à deux divisions en marche ou au combat depuis le matin, d’enlever à la fin de la journée, — il ne faut pas dire Mars-la-Tour, qui n’a pas de valeur militaire, mais Tronville, qui était visiblement la clef de la position. Je n’ai pas qualité pour aborder cette discussion qui partage encore les esprits, n’ayant la parole que pour apporter des témoignages et non des opinions. Je l’ai fait ailleurs[1].

J’appellerai seulement ici l’attention sur l’avis du général Bonnal[2]. Je le vois souvent cité par M. Ollivier sur des points moins importans que celui-ci, où il se prononce nettement contre la possibilité d’obtenir utilement ce nouvel effort des troupes du 4e corps ; comme aussi contre l’explication fantaisiste, et d’ailleurs controuvée, tirée de l’épuisement physique du général de Ladmirault, qui dépare, comme il dit, les récits charmans de M. Bapst.


V

Voilà qui est dit pour le fait du commandement, non point isolé, mais très personnel, exercé par le général de Ladmirault

  1. Voyez ut supra.
  2. Voyez Général Bonnal, Questions de critique militaire, 1913, p. 133.