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l’Allemagne passait de 1 177 millions à 2 035 millions, en progression de 60 pour 100, soit en moyenne de 8,5 pour 100 par an.

Ces chiffres font apparaître nettement l’influence qu’exerce la facilité des communications sur le développement des rapports commerciaux. Et cependant, comme le disait notre éminent ambassadeur à Londres, M. Paul Cambon, la nature a doté magnifiquement, mais de façon différente, les deux pays de France et d’Angleterre. N’ayant ni les mêmes qualités de sol, ni les mêmes productions, ni le même climat, ils peuvent se compléter en prenant l’un chez l’autre ce qui manque à chacun d’eux.

J’ajouterai qu’il en est ainsi parce que les deux pays sont sur le même méridien, et que, pour aller de l’un à l’autre, on va du Nord au Sud ou du Sud au Nord au lieu d’aller de l’Est à l’Ouest ou de l’Ouest à l’Est. Comme le disait M. Cambon, la nature travaille en quelque sorte automatiquement à favoriser nos échanges et, pourtant, nous constatons que, tant au point de vue des voyageurs qu’au point de vue des marchandises, les échanges sont loin d’avoir l’importance qu’ils devraient avoir entre deux pays si riches, si intelligens et, si j’osais me servir de cette expression, si complémentaires.


LES CONSÉQUENCES POLITIQUES DU TUNNEL

Il ne nous reste plus que quelques mots à dire sur les conséquences du tunnel au point de vue politique et militaire. A ce double point de vue, il ne semble pas que le dogme de l’insularité et de l’isolement puisse continuer longtemps encore à s’opposer à l’entreprise. Ainsi que l’écrivait avec sa haute autorité M. Paul Leroy-Beaulieu dans l’Économiste Français du 30 août 1913 : « Ici interviennent des faits nouveaux, qui sont favorables au tunnel : l’un, c’est le développement de l’aviation, qui portera prochainement une atteinte chaque jour plus sensible à la complète insularité et au splendide isolement de la Grande-Bretagne.

« L’autre fait, qui n’est pas strictement nouveau, mais qui s’est considérablement développé depuis vingt ou trente ans, c’est le péril immense que court la Grande-Bretagne, en cas de