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avec tout le Continent, on constate que 160 millions d’habitans environ ont donné en 1912 moins de 1 700 000 passagers échangés entre l’Angleterre et les principaux ports de la mer du Nord, de la Manche et de la Baltique.

Le rapport du nombre des voyageurs à l’effectif total de la population n’est guère que de 1 pour 100. Il est presque quadruple entre la France, la Belgique, la Hollande et l’Allemagne. Chez lui, c’est-à-dire dans l’intérieur du Royaume-Uni, l’Anglais fait en moyenne plus de trente voyages par an. Au contraire, en ce qui concerne le passage des Anglais sur le Continent, à supposer que les voyageurs ne comprennent que des Anglais, on ne trouve plus qu’un voyageur par 30 habitans. Si l’Anglais quitte son île un peu plus souvent qu’au temps où existait le pont naturel que formait l’isthme de l’époque quaternaire, ce chiffre ne suffit-il pas à caractériser l’isolement du Continent de la population anglaise, isolement dont la seule explication possible réside dans la barrière de mer créée par des bouleversemens géologiques ? Le jour où cette barrière sera supprimée, où on pourra circuler entre Londres et le Continent comme entre la France et la Belgique, la Hollande et l’Allemagne, le nombre des voyageurs s’augmentera dans des proportions considérables qui, en peu d’années, atteindront le double, le triple et le quadruple du mouvement actuel, et le mouvement d’affaires suivrait une progression analogue.

En ce qui concerne les marchandises, le commerce entre la Grande-Bretagne et la France ne progresse qu’avec une regret- table lenteur. C’est ce que constatait récemment M. Yves Guyot, en comparant le commerce de la France avec l’Angleterre depuis une trentaine d’années, et c’est aussi ce que confirment les statistiques douanières. De 1904 à 1911, dernière année dont les résultats statistiques aient été publiés par le directeur général des Douanes, le commerce général entre la France et l’Angleterre est passé de 2 219 millions à 2 923 millions, en progression de 30 pour 100, soit en moyenne de 4,2 pour 100 par an[1]. Pendant cette même période, notre commerce avec

  1. Il n’est pas inutile de faire remarquer que, sur les 12 543 000 tonnes de marchandises échangées en 1911 entre la France et l’Angleterre, il y avait 10 152 000 tonnes de houille, qui d’ailleurs continueront à prendre la voie maritime et seulement 2 millions et demi de marchandises diverses dont une partie prendra la voie du tunnel. Faute de moyens de communication et d’entrevues fréquentes, on se réduit au strict nécessaire.