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à prendre ; il marche d’ailleurs au pas d’un chariot. » Dans cette tapissière, qui mettait sept jours pour venir à Paris, rien ne protégeait les voyageurs contre les intempéries ; les derniers arrives, obligés de se contenter des marchepieds latéraux, avaient le front à la hauteur des genoux de leurs compagnons et leurs pieds sans appui oscillaient aux cahots du chemin.

La Révolution et l’Empire ne changèrent rien à cet état de choses, parce qu’ils n’y pouvaient rien changer : la liberté politique ou les succès militaires étant, comme nous l’avons constaté sans cesse au cours de ces études, tout à fait indépendans des évolutions économiques. Il était au pouvoir des assemblées parlementaires d’instituer l’égalité de tous les citoyens devant la loi, mais non devant les moyens de transport, et la machine à vapeur ne s’invente point par décret. Aussi, cinquante ans après la proclamation des Droits de l’homme, les maçons de la Creuse, pour venir à Paris sous Louis-Philippe, continuaient-ils à s’entasser dans le panier suspendu, entre les roues, à l’essieu des pataches et des « coucous. »


GEORGES D’AVENEL.