Page:Revue des Deux Mondes - 1913 - tome 17.djvu/649

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
SCÈNES DE LA PACIFICATION MAROCAINE[1]

I
AU PAYS DES DISSIDENS


Les déboires d’un immigrant. — Vers d’autres cieux. — Sur les ailes de la vapeur. — Les transformations de Bou-Znika. — Les douceurs de l’automobile. — Psychologie rétrospective. — A Rabat ; critiques et opinions. — L’ascension d’une race. — Croquis de paysage et de grands restaurans. — Sur la route de N’Kreïla. — Les émois d’une garnison et l’hospitalité grecque. — Le paradis des dissidens. — Le camp Marchand et la paix française. — Esquisses de ralliés. — A la recherche des enfans prodigues. — Philosophie militaire.


La bouche pâteuse, les paupières lourdes, Paul Pointis s’éveilla de mauvaise humeur. Son regard chercha le calendrier et la pendule, parcourut la chambre banale du Grand Hôtel, mal défendue par ses persiennes rétives contre la clarté aveuglante du soleil déjà haut, contre le tumulte du soukh voisin : « J’ai besoin de changer d’air, et le séjour à Casablanca ne me vaut rien, grommela-t-il. J’ai à peu près perdu mon temps dans cette petite ville de province où, suivant un mot de théâtre, les affaires, c’est l’argent des autres. » Le souvenir amer d’une demi-mondaine de pacotille dont il subissait depuis un mois les caprices, l’insomnie causée par le hurlement lancinant d’un chien, aggravaient sa sévérité naturelle pour une localité qu’il n’avait jamais jugée avec indulgence.

  1. Dans ces récits, les événemens sont réels, mais les personnages sont fictifs.