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contre ce vandalisme, l’Espagne d’aujourd’hui reboise ses pentes ; des Sociétés d’amis des Arbres ont été fondées, en Catalogne, en Aragon ; des conférences sont données dans les écoles, des enfans réunis pour des « fêtes de l’arbre. » Ce sont là travaux de longue haleine, mais on peut compter, pour les stimuler, sur le zèle des ingénieurs qui tiennent au rendement stable de leurs sources de houille blanche. La plupart des Compagnies constituées pour ce captage des forces hydrauliques sont soutenues par des capitaux indigènes ; cependant, en haute Catalogne, des Yankees seraient intervenus dernièrement pour monter une exploitation géante, suivant les habitudes de leur continent.

Le reboisement est une réforme en même temps économique et éducative ; il convient donc de le signaler en tête des procédés par lesquels l’agriculture espagnole se régénère, en même temps que s’affine l’instruction des populations rurales. Dès maintenant, plusieurs districts de l’Espagne ont adopté des méthodes par lesquelles leur production s’est heureusement transformée. La fabrication et l’importation des engrais chimiques accusent une hausse constante. Les cultures potagères, aux environs de Barcelone, sont aussi soignées que dans la banlieue parisienne, ou dans les jardins mahonais du littoral algérien ; les maraîchers traitent comparativement les plantes de diverses origines ; des vagons entiers de pommes de terre de semence, par exemple, leur arrivent d’Orléans ; ils se réunissent en syndicats pour étudier les débouchés nouveaux. Dans les Baléares, sur la côte valencienne, des jardins d’orangers, culture et commerce, sont partagés entre les membres d’une même famille : les uns travaillent le sol, récoltent les fruits, font l’emballage, ce qui n’est pas l’opération la moins minutieuse ; des parens sont les correspondans vendeurs à Toulouse, à Bordeaux, voire à Paris et à Londres ; on exporte depuis quelques années sur New-York des caisses de raisin muscat, protégé par du liège en poussière. Telle est l’organisation économique de ce commerce des fruits avec l’Angleterre, que Bilbao reçoit une bonne partie de ses oranges par ce détour ; elles sont le lest de paquebots qui rentrent à vide, après avoir importé des minerais cantabriques dans le Royaume-Uni.

La Rioja, partie de la vallée supérieure de l’Ebre, est maintenant, en dépit du phylloxéra, un pays où l’on sait cultiver la vigne et faire le vin. Cette nouveauté ne remonte guère au delà