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L’ULTRA-VIOLET ET LES MICROBES

Les rayons ultra-violets exercent une action violemment destructive sur les cellules animales et végétales ; les êtres monocellulaires, microbes et bactéries sont rapidement tués par eux. Cette action abiotique de l’ultra-violet, comme l’a très heureusement appelée M. Dastre, n’a guère été mise en évidence qu’à la fin du siècle passé. Pourtant, dès 1877, Downes et Blunt, étudiant l’action de la lumière solaire sur les bactéries, avaient remarqué qu’en exposant au soleil des cultures microbiennes dans des tubes en verre rouge, jaune, bleu et blanc, les cultures témoins tenues dans l’obscurité se développaient plus vite que celles des tubes rouges et jaunes, tandis que les cultures contenues dans les tubes bleus et blancs ne se développaient pas du tout. Cela déjà montrait que les rayons solaires les plus abiotiques sont les rayons des plus petites longueurs d’onde.

Puis Duclaux, Arloin, d’Arsonval, Roux développaient et complétaient de diverses manières ce résultat, et nous arrivons enfin aux expériences de l’Anglais Marshall Ward qui le premier étudie complètement l’action microbicide des rayons ultra-violets eux-mêmes. Il montre notamment que la lumière de l’arc électrique au charbon est plus active que celle du soleil lorsqu’il n’y a pas de verre interposé entre l’arc et les microbes. Les rayons les plus actifs sont donc très absorbables parle verre et se trouvent bien au delà du spectre visible.

Dès lors deux explications théoriques étaient en présence : pour les uns l’atmosphère au voisinage des microbes jouait un rôle essentiel, et l’ultra-violet devait agir en ozonisant l’oxygène ambiant (on sait que l’ozone est un stérilisant énergique). Pour d’autres au contraire, il agissait directement et chimiquement sur les cellules microbiennes elles-mêmes, et certaines expériences tendaient en effet à prouver que l’action n’est pas moins intense en l’absence d’oxygène. Nous verrons tout à l’heure comment les expériences récentes de M. Victor Henri viennent de fournir un critérium définitif entre ces diverses théories des effets abiotiques de l’ultra-violet.

Enfin aux environs de 1900, et jusque vers 1905, les travaux les plus remarquables sur ce sujet ont été faits à Copenhague par Finsen et ses élèves. Ceux-ci sont à peu près exclusivement connus en France pour leurs recherches photothérapeutiques. Comme il arrive souvent, les découvertes de Finsen sur le lupus ont fait passer dans l’ombre les remarquables expériences de laboratoire qu’il a entreprises sur des