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pour cause pareille, frappé les opérations de l’assemblée primaire de Colmar. Il ajoutait : « Au surplus, comme, dans les requêtes, il est question de cabale, le directoire estime encore, sur les conclusions du procureur syndic, qu’il y a lieu à nommer deux commissaires pour assister aux nouvelles opérations. » Cette décision, qui annule l’élection de Joubert, est du 2 décembre 1790.

Ainsi échouait le grand effort de Jean Boyer, sa brigue industrieuse. Ainsi échouait aussi le tendre espoir de Mme Joubert. Elle dut passer de mauvais jours à se demander si le nouveau scrutin serait, comme le premier, favorable à ses vœux maternels : sans doute devina-t-elle, pour en souffrir, le mystérieux caprice des troupes électorales.

Mais le directoire du district n’avait prononcé qu’en premier ressort : la décision finale appartenait au directoire du Département.

Celui-ci, le 12 décembre, considéra que le serment prescrit par le décret du 28 mai paraissait « se confondre avec le serment civique que fait prêter le président avant la votation » et que le second pouvait « être regardé comme surérogatoire et un surcroît de précaution. » Le serment individuel n’était pas prescrit « à peine de nullité : » l’annulation des scrutins de Colmar avait eu pour cause le manque du premier serment, serment collectif, « le seul qui semble vraiment essentiel ; » « il n’existe aucun exemple ni aucune probabilité que le défaut du second serment emporte la nullité de l’élection. » Le décret du 28 mai avait été envoyé dans les provinces avant la formation des corps administratifs. Ainsi, nombre de municipalités ne l’avaient ni reçu, ni connu. De sorte que toutes ou presque toutes les nominations de juges de paix, dans la Dordogne, seraient à recommencer, la prestation du second serment n’ayant généralement pas été faite. Avec beaucoup de sagesse, le directoire du Département observait que « la multiplication des assemblées primaires fatigue et incommode le peuple et qu’il seroit infiniment dangereux de le rebuter d’y revenir et de laisser dans les nouvelles élections le champ libre aux intrigans qui ne manqueroient pas de s’y rendre. » Il ajoutait : « Considérant enfin que la nomination du sieur Joubert est généralement applaudie, que la crainte qu’elle ne fût attaquée a déjà soulevé le peuple du canton et qu’il pourroit résulter des troubles majeurs de la