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Toute la vaste superficie de la nature ne saurait être dessinée par Lenôtre. Toute l’habitude morale d’une nation ne peut être celle des cercles. En France on ne travaille que pour Paris, et dans Paris que pour trois ou quatre sociétés. En Allemagne, on travaille pour toute la nation, même celle des petites villes et des campagnes.

Adieu, étoile brillante de ma vie intellectuelle. Puissent les orages ne jamais m’en dérober la vue[1] !

Le 10 novembre, Mme de Staël quittait Forbach. Encore quelques tours de roue, la frontière était franchie et la France disparaissait. Le 17 elle arrivait à Francfort où, dans quelque temps, nous la rejoindrons.

Haussonville.
  1. Archives de Broglie. Mme de Staël et Villers ne devaient jamais se revoir ; mais la correspondance continua entre eux. Les Archives de Broglie ne contiennent plus aucune lettre de Villers. Mais la publication de M. Isler comprend encore plusieurs lettres de Mme de Staël. Pour épistolaire qu’elle fût devenue, cette relation ne demeura cependant pas sans orage. À un certain moment, Mme de Staël crut avoir à se plaindre d’un procédé de Villers. Elle lui pardonna cependant, car il résulte de sa dernière lettre, qui est datée de Londres et du 30 avril 1814, qu’elle était intervenue auprès du régent de Hanovre pour faire maintenir Villers à Gœttingue où il était devenu professeur. La lettre se termine ainsi : « Pourquoi ne venez-vous pas à Paris ? Vous avez beau dire, c’est votre patrie. Écrivez-moi à Paris… Mais revenez en France. Hélas ! la France, il fallait encore que la tyrannie la livrât aux étrangers. Mais taisons-nous. Adieu (p. 302). » Elle ne réussit pas cependant à sauver Villers qui fut destitué et même banni de Gœttingue. Il y revint cependant l’année suivante et mourut au mois de février dans les bras de Mme de Rodde.