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Mais, je n’insiste pas. Ces vérités appartiennent aujourd’hui à la masse des esprits. Et je n’aurai pas besoin d’un plus long raisonnement pour vous montrer qu’elles éclairent et règlent complètement le sujet qui nous occupe.

Cette conscience obscure, en effet, c’est elle qui a voulu l’église du village et qui continue à la vouloir, comme c’est elle qui a déchaîné l’inquiétude de Faust et fait ouvrir la chapelle d’Auguste Comte et l’oratoire de Stuart Mill.

Eh bien ! une fois les églises de nos villages jetées par terre, avec quoi donnerez-vous satisfaction à tout ce monde d’aspirations auxquelles nos églises répondent ? où cultiverez-vous ces facultés de la vie émotive qui s’abritent, s’affinent et s’apaisent depuis des siècles dans l’église ? où trouverons-nous, si l’église est fermée, cette satisfaction qu’elle donnait à l’inquiétude mystique, cet apaisement de l’angoisse profonde et, pour tout dire d’un mot, cette espèce de discipline du fond redoutable de l’âme ?

Oui, messieurs, le fond religieux est à la fois très fécond et très redoutable, et l’Église y met une discipline.

Pour quiconque a médité sur ces abîmes de la vie sous-consciente, l’Église demeure ce que l’homme a trouvé de plus fort et de plus salubre pour y porter l’ordre. Seule aujourd’hui, elle répond encore aux besoins profonds de ceux-là mêmes qui semblent les plus réfractaires à son paisible rayonnement. Seule elle étend ses pouvoirs jusqu’à ces régions « où, comme dit Gœthe, la raison n’atteint pas et où cependant on ne veut pas laisser régner la déraison. »

Il y aurait beaucoup d’inattendu, si la vieille église disparaissait du milieu des maisons qu’elle domine.

Écoutez ce que vous disent le prêtre, le pasteur et le médecin de campagne. Ils s’accordent pour affirmer, pour constater que le terrain perdu par le christianisme, ce n’est pas la culture rationaliste qui le gagne, mais le paganisme dans ses formes les plus basses : c’est la magie, la sorcellerie, les aberrations théosophiques, le charlatanisme des spirites. (Protestations à (fauche.)

Messieurs, je ne vous dis pas : Voilà ce qui est partout...’ J’appelle votre attention sur ce fait qu’à mesure que le catholicisme disparait du village, on ne voit pas surgir des hommes munis de cette méthode scientifique qui vous est chère. Eh ! non,