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faveur d’immeubles dont il faut souhaiter la disparition au nom de l’émancipation rationaliste et laïque, » sa pensée plus juste lui échappe quand il dit : « Les églises intéressantes, au point de vue artistique, sont classées ; elles sont par conséquent garanties par la loi. » En fait, M. Augagneur se trompe gravement ; toutes les belles églises ne sont pas classées ; mais il voudrait qu’elles le fussent, et, par là, il s’approche de notre thèse, car le jour où l’on déclarera : « Nous ne refusons notre bienveillance qu’à celles qui sont laides, » toutes nos églises seront bien près d’être sauvées. Il n’y en a pas de laides pour un homme qui a du goût, pour un Français qui a de l’âme. Et je viens d’envoyer, d’offrir à M. Augagneur la brochure de propagande publiée par le Comité catholique de défense religieuse. Je ne lui demande pas qu’il approuve la préface éloquente du colonel Keller, mais simplement qu’il y regarde quarante photographies d’églises que l’on vient de condamner à mort, pour rien, pour le plaisir. Lui paraitront-elles vilaines ? Eh ! non, je le jure, il les trouvera divines sous leur vieil âge. Qu’elles sont touchantes et dignes d’amitié, ces humbles églises en péril, ces pauvres Cendrillons de village ! Il est impossible que leur grâce, entourée de l’émotion générale, ne soit pas la plus forte. Nos députés ne voudront pas se laver les mains du sort de ces belles demeures, si vivantes, de véritables personnes. Ils n’admettront pas qu’elles soient traitées en ennemies par les communes propriétaires. Et, si quelques villages trop pauvres ne peuvent pas subvenir à l’entretien de leur église, ils se rappelleront que le gouvernement, au cours des débats sur la loi de Séparation, a maintes fois promis de créer un fonds de secours.

C’est l’idée que, poussant plus avant mes approches et la préparation du combat, je vais m’employer à faire valoir auprès de mes collègues dans les couloirs.


VIII
LA PROCESSION DANS LE JARDIN

Mais voici l’été, la saison des Vacances ; la Chambre se sépare, et je vais à la campagne. Je n’y perdrai pas de vue mon devoir. Lettres, suppliques, photographies douloureuses, mémoires, faire-part