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les baigneurs qu’ils descendaient avec leur laquais : le moindre logement y coûtait une vingtaine de francs ; pour un séjour d’une quinzaine il en coûte 1 210 francs au duc de La Trémoïlle, nourriture et pourboires compris.

Les auberges rurales prenaient en moyenne 8 francs par jour à la fin de l’ancien régime : au Faouet, en Basse-Bretagne, on dinait pour 1 fr. 50 avec du pain, de la soupe, du bouilli et une pinte de cidre et, pour 50 francs en Provence, au Pont-Saint-Esprit, on avait 4 chambres et souper pour quatre avec filets d’ours, truffes, dessert, punch et vin. A Lyon le Russe Karamsine paie 24 francs par jour et Arthur Young 16 francs à Nantes. Une famille anglaise de 5 personnes, accompagnée de 3 domestiques, passe vingt-quatre heures à Calais chez Dessein, l’hôtel le plus réputé du Continent, célébré par Sterne dans le Voyage Sentimental, où les servantes, coiffées de bonnets à barbes flottantes, sont mises à la dernière mode : la note monte à 180 francs, dont 30 pour le logement des maîtres, autant pour leur dîner, 28 francs pour 3 bouteilles de vin fin ; 4 bougies sont comptées 8 francs, le thé 12 francs, le service 18 francs.

A Paris, l’hôtel du Pont-Sans-Pareil, où descend le foi de Danemark sous Louis XV, l’hôtel de Tréville, rue de Tournon, où logea la suite de Joseph II lorsqu’il vint rendre visite à Marie-Antoinette, l’hôtel de Montmorency et l’hôtel du Parc Royal, rue Jacob, dont les appartemens valaient jusqu’à 935 francs par mois, n’étaient pas supérieurs par les prix seulement à leurs devanciers, mais aussi par le cadre et le traitement.

Sauf des couteaux de table, chose très difficile encore à obtenir sous le Consulat, à Paris comme en province, — chacun étant supposé apporter le sien, — le service était soigné ; il se voyait à l’Hôtel de Toscane, rue de Richelieu et, place de la Révolution, — aujourd’hui de la Concorde, — à l’Hôtel de Courlande, des appartemens luxueux à 520 francs par semaine, où les étrangers remplaçaient les anciens propriétaires dépossédés par l’émigration.


VI

Ces étrangers n’étaient pas bien nombreux ; Mercier nous fait sourire quand il écrit sous Louis XVI : « On n’a pas assez