Page:Revue des Deux Mondes - 1913 - tome 18.djvu/925

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

que fut André Godfernaux, a recommencé à l’Athénée une fructueuse carrière, est avant tout un humoriste du genre pince-sans-rire, un observateur des petites manies, des petits ridicules bourgeois qu’il sait peindre en petites touches apprises d’Henry Monnier. Cela donne à ses plus folles inventions un air de réalité qui les avoisine à la comédie de mœurs. Ainsi en est-il une fois de plus dans les Deux Canards qui pourtant ressortissent franchement au vaudeville. Un bon vaudeville se compose essentiellement d’un premier acte où une merveille d’agencement compliqué et précis pose une situation abracadabrante qui sera traitée jusqu’à épuisement au second acte pour se dénouer ensuite en pleine folie. Les deux « canards » sont deux journaux d’opinion adverse, et qui n’ont qu’un même rédacteur en deux personnes : le farouche Gélidon de la Torche est le même que le rétrograde Montillac, du Phare. On devine à quels quiproquos donnera lieu la situation en partie double de Gélidon-Montillac, qui, bien entendu, aboutira à un duel Montillac-Gélidon. Le deuxième acte où cette situation est traitée dans tout son développement et même son épanouissement, est d’un comique dru, serré, abondant et précis, et d’ailleurs du meilleur aloi.

M. Le Gallo est excellent de loufoquerie, et M. Germain de bonhomie ; Mlle Cassive est charmante d’entrain, de gaité facile et de belle humeur.

Au Théâtre-Femina, Paraphe Ier, de M. Louis Bénière, pochade satirique contre l’Administration, un peu lourde pour une satire, un peu longue pour une pochade, mais qui contient quelques inventions d’une bonne bouffonnerie. — Petite Madame, de M. Pierre Veber, deux actes de comédie légère, où il y a un peu trop de gifles, mais beaucoup d’esprit et de verve, de l’observation mêlée à la fantaisie, avec un dialogue toujours vif et brillant.


RENE DOUMIC.