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LA DERNIÈRE ANNÉE DE DANTON

I
L’ASSAUT A LA GIRONDE. — LE COMITÉ DANTON


I. — GEORGES-JACQUES DANTON

Le 8 mars 1793, la Convention ouvrait sa séance dans un état d’agitation tout à fait extraordinaire. Le pays était derechef menacé de la plus redoutable invasion. Après la déconfiture des Allemands à l’automne précédent, on avait cru tout sauvé. Prenant l’offensive, la Convention avait jeté Dumouriez sur les Pays-Bas et Custine sur le Rhin et, après un discours hautain de Danton, proclamé que la Révolution « allait porter la France à ses limites naturelles. » On les avait atteintes de toute part en effet. Mais, par un retour offensif, les Autrichiens s’étaient, à la fin de février, jetés sur la Belgique qu’occupait l’armée de Dumouriez et, en quelques jours, avec une rapidité déconcertante, avaient envahi la nouvelle conquête de la République. Le 5 mars, Liège nous avait été repris, et la trouée de la Meuse était ainsi ouverte à l’invasion.

Sans doute on se pouvait rassurer avec les souvenirs d’antan. En septembre, l’armée prussienne n’avait-elle pas pénétré jusqu’en Champagne et dû reculer devant l’énergie qu’avait déployée le Conseil exécutif, secondé par la vaillante ardeur des soldats de la Nation ? Ce souvenir cependant ne rassurait guère.