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GŒTHE
ET
CHARLOTTE DE STEIN

II[1]
LES VOIES DIVERGENTES

Nous avons laissé les amoureux de Weimar à l’apogée de leur paisible entente et de leur douce intimité de chaque jour. Par malheur, en 1785, un nouveau règlement de la cour ducale ramène à la table de sa femme le premier écuyer Josias de Stein, qui jusque-là était nourri à celle du souverain. On a dès longtemps souligné le désarroi que cet incident futile porta dans les relations de Gœthe avec la baronne et rattaché à ce petit fait le naufrage, peu après consommé, de leur amour. Les heures de repas étaient en effet les heures libres du ministre omniprésent de Weimar : le mari y fut désormais en tiers et la tendre habitude commença de se relâcher. — Et puis, nous conviendrons volontiers que Charlotte abusa sans doute de son empire à la longue. Son défaut, — noble imperfection, — était précisément d’exiger trop de perfection chez qui briguait le suffrage de son cœur. Nous l’avons vue reconnaître qu’elle avait

  1. Voyez la Revue du 1er mars 1914.