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et des encouragemens suggestifs. On y aime, on y cultive les arts, on y collectionne. L’un de ses proches parens, Maurice Cottier, un gentilhomme tourangeau, aussi connu par sa bonne humeur spirituelle que par l’aimable distinction de ses manières, élève de Paul Delaroche, est un bon peintre amateur. C’est, de plus, un des amateurs les mieux informés et les plus avisés de Paris, membre habituel du jury annuel des Beaux-Arts dont il égaie les réunions par ses joyeuses parodies des snobismes prudhommesques et des pédantismes académiques. Sa petite galerie dans son hôtel hospitalier de la rue de la Baume contient bon nombre de peintures anciennes et modernes choisies avec un goût délicat et sûr. Ami et camarade des grands artistes, il leur achète leurs meilleures œuvres, à Delacroix son Hamlet, à Decamps sa Bataille des Cimbres qu’il léguera au Musée du Louvre. Dès son retour à Paris, Edouard André se trouve donc, soit par Cottier, soit par ses propres compagnons de jeunesse, en relations avec le monde qui gravite autour de la Gazette des Beaux-Arts et de l’Union Centrale. Il devient, presque aussitôt, commanditaire de la publication et donateur important de la Société, en attendant qu’il en soit le Président.

Il ne devait être appelé à cette fonction que neuf ans après, mais, en attendant, il commence à collectionner des objets d’art et l’on trouve son nom parmi les prêteurs aux diverses expositions qu’organise l’Union Centrale, d’abord en 1863, où elle affirme son programme, puis, en 1865, où elle le développe, enfin en 1877, aux galeries de l’Histoire du Travail, dans l’admirable Palais-Rotonde si savamment, commodément, clairement, utilement, organisé par Leplay. Bientôt après, en 1869, l’Union, encouragée par le succès, commence la série de ses expositions spéciales, méthodiquement présentées, qui vont mettre successivement sous les yeux des Parisiens les manifestations passées ou présentes de l’art dans tous les genres et dans tous les pays. Elle y annexe toujours, en effet, aux arts contemporains, divisés en six groupes, une exposition rétrospective consacrée en grande partie, à l’Art Oriental..

C’est à cette époque, en 1868 ou 1869, que, faisant, à mon retour d’Italie, quelques conférences à l’Union Centrale et dans un cercle d’amateurs, rue de la Chaussée-d’Antin, je fis la connaissance d’Edouard André. Ce n’était déjà plus alors le