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très jeune et très joli maréchal des logis au régiment des Guides, soigneusement sanglé dans son brillant uniforme, tout chamarré de galons et de brandebourgs, un peu pommadé, dameret, bellâtre, dont Winterhalter, en 1859, peintre de la Cour, a, sans nul doute, par habitude, exagéré en l’affadissant l’élégance aimable. Ce n’était plus même, tout à fait le fier cavalier, d’une allure très mondaine encore, dont Carpeaux, en 1863, avait modelé plus franchement, en buste, l’image noblement virile, qu’on retrouve en plâtre au Musée Jacquemart, en marbre au Musée du Louvre, en bronze au Musée des Arts Décoratifs. En 1867, ce galant homme rayonnait dans la plénitude de sa maturité physique et intellectuelle. Avec ses formes robustes, son allure aisée, la franchise de son regard, la douceur de son sourire, la discrétion de ses manières, la modestie de sa parole, il laissait, à tous ceux qui l’approchaient, l’impression d’un Mécène de grande race, ouvert, bienveillant, libéral, désireux de répandre autour de lui son bonheur de vivre et de partager avec tous les joies que lui donnaient sa richesse, sa culture et ses goûts d’artiste. C’était le modèle exact du portrait que Mlle Nélie Jacquemart devait peindre en 1872 et montrer au Salon de 1874 (Musée Jacquemart-André).

Après la guerre, l’Union Centrale se trouve pécuniairement languissante, malgré les efforts et les sacrifices de ses premiers fondateurs. C’est ce qui arrive d’ordinaire chez nous pour la plupart des entreprises privées, après un premier feu d’enthousiasme, feu follet et de paille qui s’éteint avec ceux qui l’ont allumé à grand’peine. L’Union professionnelle dut se transformer en une société anonyme à capital variable. Edouard André, l’un des plus anciens fondateurs, en fut aussi l’un des premiers et plus utiles souscripteurs. La nouvelle société le reconnut en lui confiant sa présidence. C’est sous sa direction que s’ouvrirent, successivement, toutes ces expositions où notre génération apprit, sur pièces innombrables et bien choisies, l’histoire générale de tous les Arts et Industries parentes. En 1874, ce fut l’Histoire du Costume, en 1876, l’Histoire de la Tapisserie, en 1880, l’Histoire des Arts du Feu. Celle-ci fut la dernière dont Edouard André eut à s’occuper. D’une part, l’Union traversait une seconde crise, plus grave et plus décisive, et de l’autre, son Président projetait apparemment de se consacrer