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physiologue Huxley, avaient trouvé, dans une lecture fréquente des Saintes Écritures, une source précieuse de vie intérieure, le journal proclame qu’il convient, désormais, « d’avoir une plus haute opinion du roi George, une plus grande confiance dans son dévouement au devoir et dans la clarté de sa vision morale. »

Même si ces incidens n’avaient pas donné à l’héritier d’Édouard VII l’occasion de revenir aux traditions religieuses de la dynastie britannique, cette réaction se serait manifestée discrètement dans la liturgie du couronnement.


Il ne faudrait pas croire qu’Édouard VII, ce diplomate spirituel, toujours prêt à comprendre et à douter, ce gentilhomme d’autrefois, accueillant pour les idées et pour les hommes d’aujourd’hui, se soit désintéressé de son sacre. Il voulut au contraire donner au cérémonial une pompe archaïque et une beauté solennelle. Mais seuls des scrupules d’aristocrate et des calculs de politique avaient dicté cette révision des rites traditionnels. Dans les modifications apportées par son fils, on sent, au contraire, percer une pensée plus religieuse qu’utilitaire, moins artistique que minutieuse[1].

Le texte du service a été sensiblement allongé. La » Litanie » a été réintroduite dans le Missel, sous une forme plus complète. Une formule de prière a été ajoutée au récitatif de la Communion. La Préface, qui avait été supprimée, a été rétablie. J’entends bien que la santé d’Édouard VII, compromise par une récente maladie, suffirait pour expliquer les coups de ciseaux, donnés dans la Liturgie. Un incident, cependant, ne saurait être oublié. Lorsque vint le moment où le Souverain doit être oint des Saintes Huiles sur le front, les mains, et sur la poitrine, les prélats entourèrent de telle sorte Édouard VII, qu’il parut à des spectateurs de bonne foi que l’onction sur la poitrine n’avait été que simulée. Et il semble bien que ces rites archaïques devaient coûter quelque peu à ce monarque si parisien et si moderne. George V n’eut pas ce respect humain. Je le revois encore, mince et pâle, dans la courte tunique écarlate, qui lui donnait l’aspect de je ne sais quelle silhouette byzantine.

  1. L. G. Wickham Legg. English coronation Records. — The official order Service.