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et les affaires religieuses, le cardinal Vivès, disparu récemment, le cardinal De Lai, dont le crédit avait semblé grandir beaucoup dans ces dernières années, et qui était devenu secrétaire de la Consistoriale. Près de lui, il avait toujours ses deux secrétaires vénitiens.


Réformateur pour l’organisation ecclésiastique, le pontificat de Pie X se montre, et plus encore, intransigeant pour tout ce qui touche à l’enseignement doctrinal de l’Église. Sa principale préoccupation, dominante de plus en plus, aura été de préserver cet enseignement de toute infiltration de l’esprit et des erreurs modernes. Il semble au Pape, qui a pris pour cela tant de précautions, qu’il n’en a pas encore prises assez. Un catholique italien, qui a approché souvent Pie X, le marquis Filippo Crispolti, a raconté que, dans une audience où il exprimait cette idée que le pontificat avait fait beaucoup pour combattre le modernisme et pour l’atteindre, Pie X lui avait répondu simplement en branlant la tête : « Croyez-vous ? » Pie X n’est pas théologien ; d’un esprit ferme et d’un bon sens parfois avisé dans les questions pratiques, d’une piété ardente, d’une foi mystique, il écoute les théologiens et, avec eux, les inspirations de sa prière et de son crucifix. Et cette lutte contre l’ennemi terrible, perfide, insaisissable, qui lui paraît s’être insinué jusqu’au sein même de l’Eglise, est un spectacle émouvant, si l’on se place, pour l’avoir, dans l’âme du pontife qui la livre. Le laïque respectueux ne se sent ni le droit, ni l’envie d’entrer dans ces débats qui échappent à sa compétence. Plutôt qu’exposer de graves actes du pontificat de Pie X ayant trait à cette bataille antimoderniste, on préfère relever deux discours du Pape qui marquent le commencement et la fin de ces combats, avec, entre eux, sept années de pontificat [1].

Tous deux ont été prononcés pour l’imposition de la barrette cardinalice à de nouveaux membres du Sacré-Collège. Cette cérémonie, à laquelle Pie X adonné un importance qu’elle n’avait pas auparavant, était pour lui l’occasion d’allocutions familières, parfois véhémentes, qui avaient plus de signification

  1. Texte original italien, dans l’Osservatore romano des 19 avril 1907 et 28 mai 1914. Pour l’Encyclique Pascendi, on peut s’en tenir aux réflexions si complètes qui ont paru dans la Chronique de cette Revue (1er octobre 1907).