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ceux de leurs importations et de leurs exportations, mais aussi ceux de marchandises expédiées d’un pays ou d’un continent à l’autre : ils interviennent pour fournir les vaisseaux destinés à amener à l’acheteur étranger l’objet vendu par un autre étranger. C’est à des centaines de millions de francs que s’élèvent les frets ainsi perçus annuellement. Ces sommes, jointes à celles que les Anglais touchent du chef des coupons des titres coloniaux et étrangers qu’ils possèdent, leur permettent de solder l’écart normal qui sépare leurs importations de leurs exportations de marchandises ; ils en achètent en effet chaque année plus qu’ils n’en vendent. Pour que cet immense mouvement d’affaires se poursuive, il est indispensable que les paiemens soient effectués sans le moindre retard. Ils s’opèrent presque exclusivement par l’intermédiaire des banques dépositaires des fonds de leur clientèle : elles ne cessent de virer d’un compte à l’autre les montans des transactions quotidiennes. Les règlemens, à la seule chambre de compensation de Londres, dépassent 1 milliard de francs par jour.

L’immense édifice repose sur une base qui a paru quelquefois étroite ; mais l’organisation de la Banque d’Angleterre, au cours des 70 ans qui nous séparent de la date à laquelle elle reçut sa charte nouvelle, a, malgré tout, fait ses preuves. La Cité a connu des jours sombres, notamment en 1857, 1867 et 1890 : chaque fois la panique a été de courte durée. Les adversaires du système lui adressent le reproche suivant : à trois reprises, disent-ils, il a fallu suspendre la loi qui limite l’émission des billets et autoriser la Banque à dépasser le maximum légal. Nous répondrons que deux fois l’annonce de cette mesure législative a suffi pour ramener le calme sur le marché ; la troisième fois, le chiffre des billets créés en excès a été insignifiant, et, dès la semaine suivante, il était revenu au chiffre normal : il n’existe aux archives de l’établissement qu’un seul bilan, celui du 18 novembre 1857, dans lequel il se soit écarté des prescriptions originaires. Il est vrai que chaque fois la Banque a dû élever son taux d’escompte à une hauteur insolite : mais, au bout de peu de temps, elle revenait à un niveau modéré.

C’est ce qui vient de se produire encore au moment de la déclaration de guerre. Le jeudi 30 juillet, l’escompte, qui était à 3 depuis le 29 janvier, a été élevé à 4 ; le lendemain il était à 8,