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LES


OPÉRATIONS MARITIMES




Au moment où le conflit actuel a éclaté, seule des armées navales qui pouvaient y être intéressées, la flotte française de la Méditerranée était concentrée dans le port qui reste sa base d’opérations principale, Toulon. Elle était prête à marcher et à marcher vite. La force de ses unités de combat récentes, le parfait entraînement des autres lui promettaient de beaux et rapides succès — à la condition, toutefois, que l’adversaire ne se dérobât point. Car enfin, comme je le disais ici même, il y a peu de temps, pour se battre, il faut être deux, au moins…

En ce qui concerne l’Italie, il serait injuste et malséant de prétendre qu’elle s’est dérobée. Le mot serait très déplacé. Surprise et mécontente du tour que l’Autriche, « poussée par les destins, » comme le disait Napoléon de la Prusse, en 1806, donnait aux préliminaires diplomatiques de l’agression méditée contre la Serbie, justement inquiète pour ses propres intérêts dans l’Adriatique des conséquences de cette agression, l’Italie avait tous les droits de se déclarer neutre et n’hésitait pas à le faire. Qu’adviendra-t-il, dans un avenir prochain, de cette neutralité et ne sommes-nous pas fondés à concevoir de ce côté de sérieuses espérances, je ne l’examinerai pas. Cette question n’est point de mon ressort. Tant y a que, dès le début des hostilités, notre armée navale, unie à l’escadre anglaise de la Méditerranée[1], ne trouvait plus devant elle que la flotte

  1. 2e escadre de croiseurs cuirassés de combat (type Dreadnought) : Inflexible et Indomitable (17 500 tonnes) ; Indefatigable (19 000 t.). 1re escadre de croiseurs (croiseurs cuirassés de 2e rang) : Defence (14 600 t.) ; Duke of Edinburgh, Black