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témoignages non moins autorisés : car il ne m’est guère arrivé, depuis une dizaine d’années, d’ouvrir un roman allemand sans en entendre sortir avec plus ou moins de force le même cri d’alarme, — sauf pour moi à n’en avoir compris pleinement le sens et la portée qu’au contact de certains faits récens qui n’ont pas provoqué ma seule indignation, mais encore celle du monde entier. Ai-je besoin de les énumérer ? Que les Allemands qui sont en train de procéder de cette manière à l’exécution de leur projet « national » d’écrasement du génie français ne gardent plus, dans leurs cerveaux et leurs cœurs, qu’un très petit nombre des qualités de leurs pères, — voire de leurs qualités purement « professionnelles » d’entrepreneurs et exploiteurs de guerres, — c’est ce que reconnaissent à peu près unanimement tous ceux qui, de près ou de loin, ont eu l’occasion d’étudier la vie allemande ; mais le grand mérite de l’auteur des Héritiers est, comme je l’ai dit, d’avoir tenté de découvrir les causes de cette « dégénérescence » incontestable de la vieille âme allemande. Comment et pourquoi les « héritiers » des vainqueurs de 1870 se trouvent-ils en danger de perdre bientôt la riche succession qui leur est échue ? Tel est le problème qu’a posé devant nous M. (ou me) Brachvogel : je tenterai à mon tour, prochainement, d’indiquer brièvement de quelle originale et instructive façon il a cru pouvoir le résoudre.


T. DE WYZEWA.