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ce premier résultat, qui indique un certain retour de tranquillité dans les esprits ; elle aurait voulu échapper au moratorium. L’Economist de Londres écrivait dans son numéro du 8 août : « Il y a quinze jours, n’importe quel homme d’affaires de la Cité eût haussé les épaules à l’idée qu’un moratorium put être institué en Angleterre. Mais la guerre a dévasté le délicat mécanisme du crédit, dont la place de Londres a pendant longtemps si merveilleusement profité. Les difficultés avec lesquelles les banques se sont trouvées aux prises résultent du fait qu’elles avaient en portefeuille des lettres de change acceptées par des maisons qui ne pouvaient les payer faute de remises reçues des tireurs... La situation est bien pire en Allemagne. »

L’examen du bilan de la Banque d’Angleterre, à une semaine d’intervalle, est instructif. On sait que nul indice économique n’est plus sensible et ne reflète avec plus d’exactitude la situation du marché monétaire ; du 29 juillet au 7 août 1914, l’émission des billets était tombée de 55 à 44 millions de livres sterling ; mais, le 29 juillet, 25 millions de ces billets étaient dans les mains de la Banque, tandis que, le 7 août, elle n’en avait plus que 8 millions, ce qui veut dire que, bien que la circulation totale eût diminué, la circulation effective aux mains du public s’était élevée de 30 à 36 millions. Par suite de cette modification, la réserve de billets et d’espèces, qui représentait le 29 juillet 27 millions, c’est-à-dire 40 pour 100 des dépôts, ne s’élevait, plus le 8 août qu’à 10 millions, soit 14 pour 100 des dépôts. Cette baisse prodigieuse explique la hausse violente du taux de l’escompte. L’encaisse métallique était tombée, de 38 millions le 29 juillet, à 28 millions le 7 août : elle avait donc diminué de 10 millions de livres, soit 250 millions de francs. Mais, depuis lors, des arrivages considérables de métal jaune ont permis à la Banque de reconstituer son trésor.

Le bilan du 13 août n’est pas moins intéressant que les deux précédens. Il accuse une augmentation de l’encaisse de près de 5 1/2 millions de livres, 135 millions de francs. La proportion de la réserve aux engagemens a remonté de 14 à 17 pour 100. Les dépôts particuliers atteignent 84 millions de livres, soit 2100 millions de francs ; la plupart des banques et banquiers particuliers ont augmenté considérablement le chiffre de leur compte à la Banque d’Angleterre. Celle-ci n’a pas encore usé