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de l’autorisation qui lui a été donnée d’émettre des billets au delà de la limite que lui impose sa charte. Une partie de l’or acquis par elle a été déposée pour son compte entre les mains du ministre des finances du Canada, à Ottawa ; cette mesure intelligente va sans doute être imitée dans l’Afrique du Sud, de façon à éviter provisoirement les transports de métal, qui peuvent être dangereux en temps de guerre. Enfin, le gouvernement britannique ayant garanti la Banque d’Angleterre contre toute perte pouvant résulter pour elle de l’escompte d’effets acceptés antérieurement au 4 août, elle va procéder à des achats de lettres de change, qui rendront des services inestimables à la communauté commerciale.

La situation est sans précédent, parce que jamais, dans les temps modernes, les relations internationales n’ont été interrompues entre autant de pays à la fois. Elle s’améliorera quand les mers auront été purgées des croiseurs allemands, parce qu’alors la prime d’assurance baissera considérablement et que les navires marchands reprendront sans crainte leurs voyages. Dès maintenant, le gouvernement assume la charge des quatre cinquièmes des frais d’assurance de la coque et de la cargaison des navires marchands anglais ; on estime que, grâce à cette mesure, le commerce maritime international va reprendre son cours et permettre à la fois au courant des importations et à celui des exportations anglaises vers les pays neutres de se poursuivre. La politique adoptée par le cabinet a rencontré une approbation générale dans le monde des assureurs, qui la considère comme la seule efficace dans l’état actuel du commerce d’outre-mer. Notre Gouvernement a manifesté des dispositions analogues et prend à sa charge la presque totalité des risques d’assurances des navires français.

En Amérique, les effets de la crise n’ont pas été moins foudrojans qu’en Europe. Si on se l’explique pour les pays comme l’Argentine, le Brésil, le Chili, qui vivent du crédit que leur fait l’Ancien Monde, on peut se demander pourquoi la place de New-York semble avoir été aussi vivement atteinte et pourquoi la Bourse y a été fermée en même temps qu’elle l’était à Londres, Vienne, Budapest, Saint-Pétersbourg et en d’autres capitales. La raison en est que les porteurs européens de valeurs américaines ont voulu réaliser ces titres en quantités énormes : c’est pour éviter une avalanche d’offres que les transactions ont été provisoirement