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de la Grande-Bretagne et amener par contre-coup la reprise des transactions sur d’autres places.

En attendant, la loi française du moratorium a fixé provisoirement à 250 francs, augmenté du vingtième du surplus, la somme que chaque titulaire d’un compte peut exiger des banques dépositaires. Dans plus d’un cas celles-ci ne se sont pas prévalues de cette disposition et ont fourni à leur clientèle des montans plus élevés que ceux qu’elles étaient légalement obligées de payer. Un nouveau décret du 20 août a enjoint aux banques de rembourser un dixième des dépôts. Le Crédit Foncier de France s’est déclaré prêt à rembourser la totalité de ses dépôts : cela a suffi pour arrêter les retraits. Nous espérons que bientôt l’état normal sera rétabli partout. Mais il faut pour cela que le public lui-même collabore à l’œuvre de restauration et qu’il cesse de manifester l’esprit de défiance excessive dont il a fait preuve durant la crise à l’égard des sociétés de crédit. Il est vrai malheureusement que celles-ci n’ont pas été à l’abri de tout reproche : quelques-unes d’entre elles, sortant du rôle d’établissemens de dépôt ou l’élargissant indûment, ont exagéré leur activité du côté du placement des valeurs mobilières et n’ont pas toujours apporté le discernement voulu dans le choix de ces valeurs. Leur clientèle s’en est souvenue, et, s’étant mal trouvée d’avoir suivi leurs conseils en matière de placemens, n’a plus voulu laisser entre leurs mains les soldes créditeurs de ses comptes d’espèces »

Ce fut un tort. Prenons exemple sur l’Angleterre. A Londres, au moment de la déclaration de guerre, quelques velléités de thésaurisation se sont produites : on a présenté des billets au remboursement à la Banque d’Angleterre. Mais le public, se rendant bientôt compte que les chèques étaient payés comme auparavant, a laissé dans les banques les sommes dont il était créditeur. D’ailleurs, l’or afflue à Londres du monde entier ; l’Afrique du Sud a, dans le seul mois de juillet, produit près de 80 millions de francs du métal précieux, qui ont pris le chemin du Royaume Uni. Plus que jamais, la Cité parait devoir être le centre des règlemens internationaux.

Sachons comprendre en France que nous n’avons pas seulement le devoir militaire à remplir envers la patrie. Réfléchissons aux nécessités financières, et efforçons-nous, au lieu d’augmenter les difficultés, de contribuer à les écarter. Il est antipatriotique de conserver par devers soi, en numéraire ou en