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quelque chose de bien inférieur aux notions positives de l’arithmétique ? »


Jede Selbsthilfe ist strengslens verboten, « il est strictement défendu à l’élève d’essayer jamais de se tirer d’affaire par soi-même. » Ne croirait-on pas vraiment reconnaître le principe fondamental de la pédagogie allemande tout entière dans cet article du Règlement officiel des écoles primaires et secondaires d’outre-Rhin ? En réalité, cependant, l’article signifie simplement qu’il est défendu à l’élève de répondre « par soi-même » aux injures ou aux coups qu’il pourrait recevoir de ses camarades. Injurié ou battu, l’élève est tenu de confier à ses maîtres le soin de le venger, ou bien, en d’autres termes, il est tenu de dénoncer le camarade dont il prétend avoir à se plaindre ; et le fait est que M. Thomas Smith nous assure n’avoir jamais rencontré nulle part des habitudes de dénonciation aussi constantes, — ni non plus aussi approuvées et encouragées, — que chez les élèves de l’école allemande à ses divers degrés. En quoi, d’ailleurs, nous n’avons guère de peine à le croire : car où donc, si ce n’est à l’école et au collège, les Allemands auraient-ils trouvé l’occasion de s’instruire de tous les secrets de cet espionnage dont eux-mêmes se font gloire aujourd’hui comme d’une très précieuse vertu nationale ? A côté de l’élève qui dénonce son camarade par rancune privée, il y a celui qui le dénonce par « sentiment du devoir ; » et celui-là est loué par ses maîtres comme un digne serviteur de l’ « organisation » allemande. Il accomplit efficacement son rôle de rouage, au profit de l’énorme appareil dont le fonctionnement collectif doit être l’unique souci de tout bon professeur ; et qu’importe au professeur, après cela, si de telles pratiques de dénonciation ont pour conséquence de profaner et de corrompre à peu près inévitablement l’âme individuelle, le « dedans, » de l’élève ? C’est avec une indifférence profonde qu’à cent reprises des maîtres allemands, questionnés par M. Thomas Smith, lui ont avoué les progrès quotidiens du mensonge et de l’hypocrisie dans le cœur des jeunes garçons confiés à leur garde.

Impossible pour nous, disait l’un de ces maîtres, d’attacher désormais la moindre signification à la parole d’honneur des collégiens, lorsque, par exemple, nous leur demandons s’ils font partie de l’une de ces sociétés secrètes dont le nombre s’accroît parmi eux d’année en année. Et figurez-vous que, même, les nouveaux statuts de ces sociétés secrètes, — fondées à l’imitation des « corps » d’étudians, — admettent volontiers une clause expresse suivant laquelle