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par la Guerre. Les voitures de maître, depuis la somptueuse limousine jusqu’à la simple bicyclette à pétrole, sont réservées pour les officiers d’état-major, estafettes, courriers, etc. Les troupes et le matériel sont confiés aux autobus, auto-cars et camions. Chaque grande voiture prend une trentaine de fantassins. Un convoi de mille ou douze cents d’entre elles emporte un corps d’armée. Les simples taxis parisiens ont servi à jeter sur le flanc de l’armée von Klück une partie des troupes qui livrèrent la bataille de l’Ourcq. La vitesse des convois peut atteindre 12 ou 15 kilomètres à l’heure. Une route donnera place à 50 ou 60 autobus par kilomètre, c’est-à-dire à 1 500 ou 1 800 hommes, et débitera environ 20 000 hommes par heure. Un corps d’armée s’y allongera sur une vingtaine de kilomètres au minimum. A pied, une division occupe sur route 15 kilomètres, un corps d’armée 32 ; et il met huit ou neuf heures à s’écouler. Si nous nous rappelons que le débit horaire d’une voie ferrée ne dépasse guère cinq ou six mille hommes, nous mesurerons l’intérêt du transport automobile.

La France est par excellence le pays des routes : elle se prête mieux que toute autre région du monde à leur emploi intensif. Là où ! e commandement dispose de deux ou trois voies ferrées pour relier deux points du front, il est rare qu’il ne se trouve pas à même d’utiliser une dizaine de routes. Il faut toutefois prévoir le passage des convois sur des pistes bien plus nombreuses encore, à travers champs. Cela peut se faire déjà très exceptionnellement : cela se ferait sans doute normalement, à condition de prendre certaines dispositions préalables ; et c’est là un des problèmes que peut résoudre un avenir prochain.

Les dispositions à prendre se rapportent aux voitures et au terrain. Certaines voitures de tourisme sont en état de franchir les labours, non pas certes par tous les temps, mais dans des conditions favorables. Il reste à organiser spécialement pour véhiculer 5 ou 6 hommes de troupes, si l’on ne peut davantage, des voitures très légères, avec des roues à large surface portante. N’en viendra-t-on pas quelque jour à les munir d’un dispositif de sustentation destiné à diminuer leur appui sur le sol ? Nous avons l’exemple des oiseaux coureurs. L’adhérence du terrain n’est pas la seule difficulté à vaincre : il y a aussi ses inégalités. Dans quelle mesure le dispositif précédent