Page:Revue des Deux Mondes - 1916 - tome 31.djvu/694

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Lorsque brusquement survint la guerre, la « Commission des Inventions » fut, comme tant d’autres organes techniques de la défense nationale, soudain désorganisée par la mobilisation de la plupart des officiers qui la composaient. Or précisément, et comme on aurait pu s’y attendre, si l’on avait un peu moins manqué de prévision, la guerre amena immédiatement une recrudescence du nombre des inventeurs qui s’offraient à collaborer à la défense nationale.

Parmi leurs propositions, il en est, — le plus grand nombre, hélas ! — qui devaient être rejetées dès le premier examen comme chimériques. D’autres au contraire étaient susceptibles de rendre d’utiles services et méritaient d’être mises à l’étude sans retard. Que faire dans ces conditions ?

C’est alors, — on était aux premiers jours d’août 1914, — que M. Painlevé, dont l’ardent prosélytisme avait tant fait depuis plusieurs années dans les questions techniques intéressant la marine, l’aviation et les explosifs, — obtint du ministre de la Guerre le décret du 11 août 1914 instituant la « Commission supérieure des Inventions intéressant la défense nationale. » Très sagement, cette nouvelle commission, loin de se substituer révolutionnairement à l’ancienne si bien organisée par le colonel Joffre et ses successeurs, entrait purement et simplement dans les cadres, les règles et les locaux même de son aînée, englobant les membres disponibles de celle-ci et leur adjoignant, pour parer aux vides causés par la mobilisation, un certain nombre de savans et de techniciens d’une compétence et d’une autorité indiscutables.

Cette commission des inventions, présidée aujourd’hui par une des plus hautes, des plus énergiques, des plus profondes intelligences de la Science française, l’illustre physicien Violle, a rendu depuis lors, dans la mesure de ses moyens étroitement limités, des services éminens que l’histoire fera connaître un jour.

Mais dès maintenant, qu’on me permette d’ouvrir à ce propos une brève parenthèse et de m’élever ici contre quelques opinions perfidement injustifiées ou imprudemment naïves qu’on a prononcées et même imprimées.quelquefois à ce sujet.

Il y a inventeurs et inventeurs, comme il y a fagots et fagots. Il y a l’inventeur qui croit à tort avoir une idée juste et nouvelle ; il y a celui qui croit avec raison avoir eu une pareille idée ; il y a encore une troisième espèce d’inventeur : celui qui croit avec raison que son idée est juste, et à tort qu’elle est nouvelle. On me concédera facilement que le pourcentage des gens qui ne sont pas impeccables étant