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positions. Des rivières comme les deux Helpe forment des coupures, redoublées en arrière par le haut cours de l’Oise qui, d’Hirson à Guise, coule d’Est en Ouest. Enfin, le fort d’Hirson devait donner un point d’appui à la défense.

En somme, de la mer à la Meuse, d’après les plans établis au lendemain de la guerre de 1870, l’envahisseur devait trouver : 1° le camp retranché Dunkerque-Calais-Bergues-Gravelines ; 2° à droite de ce camp, les vieilles places de Saint-Omer et d’Aire, tenant l’une l’Aa, l’autre la Lys ; 3° à droite encore, Lille ; 4° de Lille à l’Escaut, le fossé de la Deule-Scarpe, gardé par Douai, et redoublé en arrière par la Sensée ; 5° entre l’Escaut et la Sambre, le noyau défensif principal formé par Condé et Valenciennes à gauche, le Quesnoy au centre, Landrecies à droite ; l’intervalle entre le centre et la droite était de plus couvert par la forêt de Mormal ; enfin, Maubeuge en avant éclairait la position ; 6° à droite de la Sambre, une région naturelle de défense, constituée par des bois et des coupures, et qui avait sa limite méridionale au fossé de l’Oise entre Guise et Hirson.

On sait ce qu’ont pesé ces défenses dans la guerre actuelle. La partie occidentale a été préservée au mois d’août par sa position excentrique, et au mois d’octobre par la défense d’Ypres et de l’Yser, de sorte que l’ennemi n’a pas pu dépasser de beaucoup vers l’Ouest Lille et La Bassée ; mais la partie orientale, le rideau défensif proprement dit, a sauté au moment de la bataille des frontières (22-24 août). La barrière de l’Oise à la hauteur de Guise aurait pu servir à arrêter les Allemands, et elle a été le théâtre d’un brillant combat. Mais le commandement français a craint d’être tourné sur sa gauche et a ordonné la retraite jusqu’à la Marne.

Une fois le rideau défensif forcé, on se trouve dans la région que nous avons déjà décrite : collines de Picardie à l’Ouest, plaine de Douai à l’Est. Naturellement, la limite commune entre la plaine et les collines forme une ligne Nord-Sud très importante, que chacun a cherché à saisir. Elle est jalonnée par La Bassée, Lens et Arras. Les Français ont saisi Arras, mais se sont laissé devancer à Lens et à La Bassée. Le front depuis lors continue à festonner autour de cette ligne.